Retraites, plans de licenciements... s'opposer à l'offensive contre les travailleurs06/02/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/02/une1801.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Retraites, plans de licenciements... s'opposer à l'offensive contre les travailleurs

Par-delà la sauce avec laquelle Raffarin a servi ses projets concernant les retraites, il s'agit d'une attaque contre les retraités présents et futurs et, par là même, contre l'ensemble des travailleurs. Tous ceux qui sont descendus dans la rue samedi 1er février ont eu raison de manifester leur opposition à ce qu'on touche aux retraites. Mais cette manifestation ne peut pas, ne doit pas être la dernière. Elle ne peut pas non plus avoir pour objectif simplement de permettre aux confédérations syndicales d'être invitées à des " négociations ", comme l'ont répété certains chefs syndicaux au sortir même de la manifestation. Une attaque contre la classe ouvrière ne cesse pas d'en être une du simple fait que les confédérations syndicales la cautionnent.

Le gouvernement Chirac-Raffarin se pose en " sauveur des retraites ". Mais tous les gouvernements qui, depuis vingt ans, ont prétendu sauver les retraites, n'ont fait chaque fois qu'aggraver les conditions des retraités. Non seulement les mesures politiques, comme la décision de Balladur d'allonger la durée de cotisation pour le privé, mais aussi les mesures dites techniques visaient toutes le même but : faire cotiser toujours plus et plus longtemps les travailleurs pour leur servir une pension de plus en plus réduite.

Les gouvernants mènent, avec les médias, une campagne d'intoxication pour nous dire : " Réformer les retraites est une urgence car les caisses de retraite vont au déficit avec l'augmentation du nombre des retraités par rapport au nombre d'actifs. "

Mais cet argument démographique est une fumisterie. Les caisses de retraite ne seraient pas menacées de déficit si l'État n'accordait pas des réductions de cotisations aux patrons, s'il ne fermait pas les yeux devant leurs retards et s'il payait lui-même les cotisations qui lui incombent, au lieu de se servir dans les caisses. Et, surtout, s'il y avait moins de chômeurs et donc plus de cotisations.

C'est une fumisterie encore que de ne parler que de la proportion entre actifs et retraités, et jamais de la productivité du travail. Or les statistiques officielles elles-mêmes estiment que la productivité horaire a été multipliée par 16 au cours du siècle dernier. Ceux qui travaillent sur les chaînes d'automobiles savent que le nombre de voitures produites a été multiplié avec des effectifs en diminution. Et ils ressentent aussi, dans l'usure de leurs muscles et de leurs nerfs, la part des cadences démentielles dans cet accroissement de la productivité.

Il n'y aurait pas de problème des retraites si la productivité du travail était mieux répartie : moins pour les profits patronaux et plus pour les travailleurs. Ce sont les travailleurs qui créent toutes les richesses, y compris celles qui sont accumulées par les possédants sous forme de capitaux. C'est sur les revenus du capital qu'il faudrait assurer une retraite digne pour les travailleurs. Or, non seulement les classes possédantes nous font payer nos retraites, mais elles nous volent une partie croissante de notre propre argent.

Et Raffarin, leur porte-parole, a encore le culot d'en appeler au " dépassement des égoïsmes " !

Les travailleurs n'ont pas à accepter les attaques contre leurs retraites ni pour le public ni pour le privé. Et l'égalité entre le privé et le public, ce doit être sur la base de 37 ans et demi de cotisation pour tous et sans diminution des pensions.

La mobilisation du 1er février doit être une première étape. Il faut qu'elle soit suivie d'autres. Il faut faire pression sur les syndicats pour qu'ils ne vendent pas nos retraites pour le plat de lentilles des négociations. Il faut que la mobilisation se poursuive pour changer le rapport de force avec le gouvernement. Cela a été possible en 1995 lorsque les travailleurs du secteur public ont fait reculer Juppé. Cela peut être possible aujourd'hui. En obligeant le patronat et le gouvernement à arrêter leurs attaques sur les retraites, les travailleurs seront en situation de les faire reculer sur tous les autres terrains sur lesquels nous sommes attaqués : les licenciements collectifs et l'insuffisance de nos salaires !

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