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Dans les entreprises
Reims-Aviation (Marne) : Après le jugement du tribunal, colère et indignation !
Le tribunal de commerce de Reims a rendu son verdict, mercredi 29 janvier. La reprise de Reims-Aviation est accordée au groupe autrichien Ventana, dont l'offre est complétée par celle de FCP, un cabinet de financiers. 164 suppressions d'emplois sont prévues d'ici six semaines sur les 460 travailleurs que compte l'entreprise.
C'est devant un cordon de CRS protégeant le palais de justice que les travailleurs de Reims-Aviation ont appris le jugement. La décision a été accueillie avec colère mais sans surprise : l'autre postulant à la reprise, le français Wagrapar, s'étant en effet retiré quelques heures auparavant, faute d'avoir trouvé des financements suffisants. Il ne restait alors au tribunal qu'à livrer Reims-Aviation à Ventana, qui ne reprend que l'activité de sous-traitance avec 257 salariés, et à FCP, qui reprend le montage des avions F406 avec 40 salariés. Cent soixante-quatre travailleurs se retrouvent donc sur le carreau.
Le lendemain, dans les ateliers, pratiquement personne ne voulait travailler. À l'assemblée du personnel qui se tenait le matin, il n'y eut que des dirigeants syndicaux pour oser affirmer qu'il fallait sortir la production, honorer les contrats... et sauver les emplois restants ! En fait, toute la journée se passa en discussions sur le verdict du tribunal, l'indifférence des pouvoirs publics et sur ce qu'il faudrait faire pour sauver l'emploi des 164 travailleurs. Le bruit des riveteuses fut remplacé par les détonations des pétards que des travailleurs lançaient dans l'usine pour exprimer leur colère. L'administrateur judiciaire avait beau demander des conseils à tous ceux qu'il croisait pour savoir comment s'y prendre pour faire reprendre le travail, il n'osa pas s'adresser à l'ensemble du personnel. Il valait sans doute mieux pour lui.
Lundi 3 février, la journée commença avec l'assemblée générale du personnel. La grève ne fut pas reconduite ce jour-là, mais l'ambiance n'était pas pour autant redevenue sereine, bien au contraire. Les travailleurs réclamaient la liste des 164 (la direction ne veut la révéler que dans six semaines, c'est-à-dire au dernier moment) et ils étaient surtout indignés que ce soit l'ancienne direction, celle qui justement avait mené Reims-Aviation au dépôt de bilan, qui en ait décidé... et qui ait probablement réglé ses comptes du même coup.
Quoi qu'il en soit, et les semaines à venir le montreront, les travailleurs de Reims-Aviation n'ont pas dit leur dernier mot.