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Leur société
Réformes des modes de scrutin : Ils appellent cela démocratie !
La proposition de modification des règles des scrutins pour les élections européennes comme pour les élections régionales relève du même souci d'assurer à l'avance le monopole de la représentation, de façon que deux partis, l'UMP de Chirac, Sarkozy, Raffarin, Juppé d'un côté, de l'autre le PS disposent de la plus grande part du gâteau et permette une alternance fabriquée à l'avance.
Aux élections européennes, à la place du mode de scrutin actuel, qui permettait aux électeurs de se prononcer sur une liste nationale et d'obtenir des représentants proportionnellement à leur importance (à condition toutefois de dépasser le seuil des 5 % des votants), l'élection se ferait désormais par circonscription régionale. Ce charcutage en 8 ou 10 régions changerait les choses. Chacune de ces régions élirait entre 6 et 14 représentants au Parlement européen. Il faudrait donc pour que des électeurs aient un représentant que leur nombre atteigne de 7,1 % des suffrages à 16,6 % selon les régions.
Pour les régionales, le gouvernement procède à un trucage similaire . Au lieu d'une élection par région à la proportionnelle, avec un seuil cette fois encore à 5 %, ce scrutin se déroulerait en deux tours. Mais il faudrait dépasser la barre des 10 % des inscrits pour pouvoir se présenter au second, ce qui signifie en fait 15 % de suffrages exprimés, voire plus.
Le gouvernement prétend que son objectif serait " de redonner autant que faire se peut, de la clarté à l'expression du suffrage en améliorant les conditions dans lesquelles celle-ci permet la représentation équitable des sensibilités politiques ".
Curieuse méthode qui consiste à " améliorer " la représentation des électeurs en excluant plus encore qu'avant des millions d'hommes et de femmes du droit de choisir des représentants de leur choix (sans compter ceux qui en sont exclus du fait qu'en tant que travailleurs étrangers, on leur refuse le droit de vote).
La fable selon laquelle il s'agirait de rapprocher les électeurs de leurs représentants ne tient pas. Les élus que des électeurs choisiront, faute de mieux, par défaut dans ce cadre étroit et imposé, seront encore plus irresponsables face aux électeurs.
L'autre objectif affiché de cette réforme est de permettre " la constitution sans ambiguïté de majorités capables d'assumer la responsabilité de décisions publiques ". Parler de majorité en la circonstance est pour le moins abusif, quand on sait que l'objectif de la réforme est d'instaurer une bipolarité entre l'UMP et le PS, deux partis qui n'ont recueilli respectivement que 19,88 % des votants (et non des inscrits ) pour Chirac et guère plus de 16 % pour Jospin à la présidentielle !
Le projet de Chirac-Raffarin-Sarkozy a au moins le mérite de montrer que leur démocratie n'est autre que la mainmise de quelques politiciens qui sont bien plus sensibles aux pressions du patronat qu'à celles de la population laborieuse
Et ce sont ces gens-là qui nous font la leçon sur la démocratie, qui prétendent tenir leur légitimité du peuple. Triste comédie !