- Accueil
- Lutte ouvrière n°1801
- Plans sociaux en Alsace : 4 300 suppressions d'emplois en 12 mois
Dans les entreprises
Plans sociaux en Alsace : 4 300 suppressions d'emplois en 12 mois
A l'heure où le gouvernement fait semblant de s'indigner contre les licenciements " brutaux " et où Perben et Fillon ont l'hypocrisie de dire qu'il ne faudrait pas que quelques " voyous " ou " pirates " viennent jeter le discrédit sur toute une profession, bien des licenciements se font en silence dans de multiples entreprises. Tout aussi brutaux pour ceux qui les subissent, ils témoignent que ce qui est en cause ce n'est pas les malversations de quelques individus mais le comportement de toute une classe, la classe capitaliste.
Ce sont parfois des filiales de grands groupes qui sont en cause, mais plus souvent des petites et moyennes entreprises, de petites villes ou villages. En Alsace, en 2002, 49 usines ont annoncé un plan de restructuration, dont 19 qui ont complètement fermé avec un total de 4 300 suppressions de postes. Et cela sans compter les licenciements collectifs qui n'apparaissent pas officiellement comme des plans sociaux, lorsque par exemple le nombre de personnes licenciées est inférieur à 9, ou encore les licenciements d'une ou deux personnes pour les motifs les plus variés. Et puis ne sont pas comptées les réductions d'effectifs tout simplement par non-remplacement de partants ou d'intérimaires. Ainsi le taux de chômage a augmenté en Alsace de 21,4 % en un an avec 11 000 demandeurs d'emplois de plus.
Tous les secteurs d'activité sont touchés. Il y a des usines d'électronique comme Info Industrie (227 licenciements) à Gundershoffen ou GRME-Est (9 licenciements) à Pulversheim ; Sony (175 licenciements) à Ribeauvillé ; l'informatique avec EBC (85 licenciements) à Strasbourg et 20 à Mulhouse ; les téléphones portables avec PPE (213 licenciements) à Pulversheim ; les équipements électriques, Trench (82 licenciements) à Saint-Louis ; les télécopieurs, Sharp (40 licenciements) à Soultz ; le textile avec Alsavet (280 licenciements) à Bischwiller et 130 à Mertzwiller, Vestra (280) à Bischwiller, Steinheil (58) à Rothau, Tissages Satig (28) à Villé, Manufacture d'impressions (88) à Sainte-Marie-Aux-Mines, Saic Velcorex (42) à Saint-Amarin, CDT (130) à Wesserling, CS Interglas (60) à Malmerspach, Hydra (36) à Moosch, Athanor-Svit (64) à Vieux-Thann, DMC (30) à Mulhouse, Bel Air Industrie (88) à Mulhouse, Tricot France (24) à Logelbach, La Cotonnière d'Alsace (94) à Colmar. La chimie est également touchée avec Albermarle PPC (31) à Thann, Rhodia (55) à Mulhouse, Rohm and Haas (138) à Lauterbourg, ainsi que l'agroalimentaire et les brasseries avec Cidou (64) à Mielesheim, Météor (15) à Hochfelden, Sevenday (55) à Soultz, SCPA (186) à Mulhouse, Orangina (48) à Fegersheim, Gapal (30) à Strasbourg. Mais il y a aussi le plastique, les télécommunications, la mécanique, les roulements, les carrières, la maintenance, la sous-traitance automobile, la cartonnerie, le mobilier de bureau, etc., avec Placo injection (35) à Huningue, Steleus ( 29), Wärtsila (100), Must (42) à Mulhouse, Walter (30) à Brumath, TMG (70) à Colmar, A&R Carton (209) à Fegersheim, Steelcase (82) à Strasbourg et 30 à Marlenheim, Johnson Controls ( 184), Fischer Services (10), Alcatel (135) à Strasbourg, Sasi (150) à Gambsheim, Info Réalités (100) à Vendenheim, Dematic (20) et Grès d'Artois (39) à Betschdorf, Ina (150) à Hagenau.
Si le taux de chômage malgré cette explosion des plans sociaux reste, en Alsace, avec 7 %, relativement faible par rapport à d'autres régions, c'est que beaucoup de travailleurs ont un emploi en Suisse ou en Allemagne. Mais les licenciements ont tout autant cours dans ces pays puisque, par exemple, le chocolatier Suisse Gubor, après bien d'autres, a annoncé le 3 février 270 suppressions d'emplois, dont 150 frontaliers, à Mülheim, à la frontière allemande.
Les patrons, présidents locaux du Medef, des Unions patronales des industries textiles, chimiques ou métallurgiques, interviewés par la presse locale sur cette forte augmentation des licenciements, ont tous répondu qu'ils continueraient dans ce sens si on ne baissait pas les impôts, taxes, charges sociales et salaires, et si on continuait à leur imposer des réglementations de sécurité trop lourdes. Bref, de véritables " brutes "... Des barbares modernes qui font peser sur la société la menace d'un recul considérable.