Nouvelles factures EDF : " transparence " mensongère06/02/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/02/une1801.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Nouvelles factures EDF : " transparence " mensongère

C'est écrit en tout petit sur les dernières factures EDF que les usagers ont reçues : il y a maintenant une ligne pour indiquer la part de la facture qui est consacrée à la " contribution au service public de l'électricité ".

Qu'est-ce que cela signifie ? EDF étant depuis plus d'un demi-siècle censée être un " service public ", c'est l'ensemble de la facture qui devrait être qualifiée de " contribution au service public ". En fait, sous prétexte de transparence, EDF fait apparaître - ou plutôt disparaître - des charges diverses sous cette appellation.

Tout d'abord il y a le surcoût dans les zones qui ne sont pas reliées directement au réseau de la métropole, départements d'outremer et Corse. Mais pourquoi découvrir, au bout d'un demi-siècle, que l'électricité revient plus cher en Corse qu'en France continentale ? Et puis, à ce compte-là, pourquoi ne pas faire figurer le coût plus élevé de l'électricité dans les régions reculées de l'Hexagone lui-même ? L'électricité est un service public justement pour que tous les usagers la payent au même tarif, quel que soit l'endroit où ils se trouvent. Alors, serait-ce le début d'une remise en question de ce principe ?

Mais ce qui se dissimule surtout derrière cette prétendue " contribution au service public " c'est une aide gracieuse au patronat privé, laquelle représente 56 % desdites " charges de services public ", qui se montent en tout à 1,306 milliard d'euros.

Cela fait très longtemps qu'EDF a l'obligation de racheter l'électricité produite par un certain nombre de petits producteurs privés, dans les zones urbaines essentiellement. Il s'agissait, jusqu'à il y a quelques années, de petites centrales thermiques qui permettaient en cas de besoin immédiat d'électricité de répondre à la demande, et le reste du temps d'être disponible, pour des centres hospitaliers par exemple. Cette électricité revient très cher - mais EDF expliquait qu'elle payait ainsi un service.

Pendant longtemps ce fut relativement peu de chose. Mais maintenant, sous la pression du patronat, se sont multipliées des centrales dites de cogénération, ainsi que des éoliennes.

Le pays n'en a pas vraiment besoin, mais la loi fait obligation à EDF de racheter le courant ainsi produit, plusieurs fois au-dessus de la valeur du kilowattheure qu'EDF... revend ensuite. Il s'agit donc d'une perte considérable pour EDF qui finance ainsi directement des patrons, et c'est cette aide au secteur privé qui est censée faire partie de la " contribution au service public ". On appréciera la transparence de cette opération !

Pendant des années les partis écologistes ont stigmatisé - à juste titre - l'absence de débat qui a entouré la création du tout-nucléaire en France. L'État et les industriels ont fait ce qu'ils ont voulu sans informer ni demander l'avis de la population. Mais aujourd'hui il se passe la même chose avec le lobby patronal de la cogénération et aussi des éoliennes.

Celui-ci est soutenu, bien sûr, par les écologistes, au nom de la production d'énergie " propre ".

En fait, celle-ci a aussi des inconvénients : le prix est énorme, et la pollution, visuelle et sonore, considérable. On pourrait cependant décider de financer quand même ces installations... À condition d'en débattre au préalable. Mais pour le moment ce sont les usagers d'EDF qui les financent, sans qu'on leur ait jamais demandé leur avis. Ni sur cela, ni sur le reste.

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