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Dans le monde
Irak : À deux pas de la guerre ?
" Une démonstration franche, sobre, convaincante ", c'est ce qu'avait promis le secrétaire d'État américain Colin Powell à la veille de sa prestation devant le Conseil de sécurité le 5 février, avertissant tout de même : " Il n'y aura pas de preuves de flagrant délit, mais nous fournirons des preuves concernant les programmes d'armement que l'Irak tente de cacher avec tant d'insistance. "
En fait, les dirigeants américains poursuivent cette sinistre comédie visant à affirmer, envers et contre tout, que celui qui menace le monde de ses " armes de destruction massive " est un petit pays soumis à l'embargo depuis plus de dix ans et dont la population affamée manque des biens et services les plus élémentaires. Ils inventent, pour les besoins de leur démonstration, l'existence de liens entre Saddam Hussein et l'organisation de Ben Laden. Au nom de quoi ils s'apprêtent à écraser le peuple irakien sous les bombardements, après l'avoir fait par les privations et par la faim.
Les dirigeants de l'impérialisme américain ont décidé depuis longtemps qu'ils auraient leur guerre. Ils ont acheminé hommes et matériel, échafaudé les plans de bataille, poursuivi les bombardements - qui n'ont en fait jamais cessé depuis la guerre du Golfe. Ils ont orchestré la mise en condition de l'opinion américaine, en n'y réussissant d'ailleurs que partiellement. Enfin, ils n'ont pas eu grand mal à tourner en ridicule la tentative commune de Schröder et de Chirac de s'opposer à " l'unilatéralisme " américain et d'apparaître du même coup comme les leaders d'une Europe non-alignée sur l'Amérique. Huit autres dirigeants européens avec au premier rang Blair, Aznar et Berlusconi, ne se sont pas fait prier pour signer ensemble une lettre de soutien à Bush.
Etablir la paix au Moyen-Orient, débarrasser l'Irak de la dictature et y établir prospérité et démocratie, qui peut croire à ces objectifs mis en avant par les autorités américaines ou par la presse ? Ce serait oublier que le principal fauteur de guerre dans le monde, et en particulier au Moyen-Orient, depuis des décades, c'est l'impérialisme. C'est lui qui a dépecé la région en fonction de ses intérêts, pétroliers en particulier. C'est lui qui a armé jusqu'aux dents les classes dirigeantes locales et les différents régimes de dictature, dont celui de Saddam Hussein justement. C'est lui qui continue d'apporter un soutien sans faille au gouvernement d'Israël dans son action sanglante contre le peuple palestinien.
Les dirigeants américains abattront peut-être Saddam Hussein, mais ils ne débarrasseront pas l'Irak ni le Moyen-Orient de la dictature. Celle-ci leur est trop nécessaire pour continuer à imposer aux peuples leur exploitation par les classes dirigeantes locales et par les grandes compagnies occidentales. Leur intervention ne rendra pas la région plus stable : elle en accroîtra encore l'instabilité, les divisions, la misère et les crises. Elle suscitera contre eux d'autres révoltes, et y compris peut-être des vocations désespérées comme celles sur lesquelles s'appuient les organisations terroristes contre lesquelles Bush prétend mener la guerre.
Lutter contre cette guerre qui vient, ce ne peut être évidemment faire confiance à un Chirac ou à un Schröder, qui ne prennent que des poses de circonstance avant de s'aligner, comme ils l'ont toujours fait, et qui ont eux aussi leur part dans la situation actuelle du Moyen-Orient. Pour nous, lutter contre la guerre, c'est aussi dire qu'il faut en finir avec la domination de ce système impérialiste qui ne gouverne la planète qu'en y entretenant oppression, misère et massacres.