Des fonds de pension qui touchent le fond06/02/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/02/une1801.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Des fonds de pension qui touchent le fond

S'il est une chose dont les médias ne parlent guère en France, c'est de la déconfiture des fonds de pension dans un certain nombre de pays étrangers, et non des moindres. Le gouvernement étant partisan d'introduire des fonds de pension, les médias s'alignent en faisant silence...

Durant plusieurs années, pendant ce qu'il est convenu d'appeler la période de la " bulle spéculative ", les fonds de pension qui étaient placés en valeurs boursières ont rapporté beaucoup à leurs détenteurs, c'est-à-dire non pas aux retraités, mais aux grandes sociétés qui les géraient elles-mêmes, ou aux banques et compagnies d'assurance.

Seulement, il y a trois ans environ, la " bulle " a crevé, et la spéculation s'est retournée contre ses auteurs, entraînant des " trous " énormes. Ainsi, aux États-Unis, le record est le déficit du fonds de pension de General Motors qui se chiffre, pour l'année 2002, à 19,3 milliards de dollars (à peu près autant en euros). La réglementation américaine faisant obligation de provisionner des fonds qui risquent de se trouver déficitaires, IBM a dû verser 4 milliards de dollars en décembre, et bien d'autres entreprises doivent faire des versements considérables.

Les retraités n'y sont pour rien. Cependant c'est à eux que les patrons veulent faire payer la note, en réduisant les prestations, c'est-à-dire le montant des pensions de retraites, privant les travailleurs de centaines de millions de dollars auxquels ils devraient avoir droit.

Les États-Unis ne sont pas les seuls dans ce cas.

Ainsi, aux Pays-Bas, un millier d'organismes de fonds de pension sont en difficulté. Leur organisme de contrôle a donc décidé, pour éviter une catastrophe, de les obliger à provisionner leurs comptes. C'est ce qui est en train de provoquer une révolte chez les gestionnaires desdits fonds qui menacent d'augmenter de 50 à 100 % le montant des cotisations. Le fonds de pension du secteur santé, lui, a déjà augmenté ses primes de 70 % !

Bref, la nocivité des fonds de pensions qui s'effondrent lorsque la conjoncture boursière est mauvaise n'est plus à démontrer : il n'y a qu'à regarder. Cependant ce n'est pas cela qui semble devoir arrêter le gouvernement français dans sa marche vers les fonds de pension. Le ministre de l'Économie, Francis Mer, a expliqué récemment que les salariés devraient avoir la " possibilité " de constituer un " complément utile " à leur retraite actuelle, par répartition. Se gardant bien d'utiliser le vocable " fonds de pension " mal vu dans l'Hexagone, il a dit : " Appelez cela comme vous voulez ". Eh bien, appelons cela " fonds de pension " puisque c'en est et constatons que si, quand la Bourse est en hausse, c'est tout bénéfice pour les gestionnaires, cela risque d'être désastreux pour les retraités quand elle baisse, comme cela se passe aujourd'hui un peu partout dans le monde.

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