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Dans les entreprises
Saint-Chamond (Loire) : Série noire pour les emplois
Lundi 23 septembre, une cinquantaine de travailleurs de l'entreprise Trouillet s'invitaient au Conseil municipal de Saint-Chamond (Loire). Ils désiraient attirer l'attention des élus de la ville sur leur situation.
Pour eux, la mauvaise nouvelle est venue à la fin de leurs congés d'été : pas de paye car les caisses étaient vides. Depuis, l'entreprise a été mise en redressement judiciaire.
Après une vague de licenciements en 1995, cette entreprise de 365 salariés (dont 175 à Saint-Chamond), qui fabrique des remorques de poids lourds, a fonctionné cahin-caha. Aujourd'hui, les travailleurs ne savent pas trop ce qu'ils vont devenir.
On peut se demander où est passé l'argent amassé par ces patrons lorsque le marché des poids lourds était en expansion. Où la famille Trouillet a-t-elle placé cet argent ? Dans quelles bonnes ou mauvaises affaires ? Aujourd'hui les patrons affirment que les caisses sont vides et ce sont les travailleurs qui paient les pots cassés.
Malheureusement, le cas Trouillet vient après d'autres attaques contre les travailleurs, dans d'autres entreprises de la ville.
Nitech a fermé ses portes et ses 35 salariés se sont retrouvés au chômage. Cette entreprise avait reçu de substantielles aides, directes ou indirectes, pour s'installer sur la ville lors de sa délocalisation. Le groupe hollandais Stork, auquel elle appartenait, avait pourtant les moyens de garantir les salaires de tous les ouvriers jusqu'à ce qu'ils trouvent un autre vrai emploi. Non seulement Stork ne l'a pas fait, mais il n'a pas remboursé un seul centime des aides reçues.
Mikava, entreprise de confection et de vente, a été mise en redressement judiciaire. Il y a quelques années, elle avait déjà défrayé la chronique des licenciements. Les ouvrières de la confection, externalisées chez un sous-traitant, avec des conditions de travail déplorables, s'étaient toutes retrouvées à l'ANPE.
Depuis, la confection est partie se réaliser au Maghreb, où les patrons français payent leurs ouvrières avec un lance-pierres.
Maintenant, ce sont les soixante emplois du siège, mais aussi ceux des centaines de démonstratrices-vendeuses, réparties dans tout le pays, qui sont menacés.
A l'époque florissante, les patrons de Mikava ont gagné beaucoup d'argent sur le dos de leurs employées et ont même dû se constituer une fortune personnelle. C'est cette fortune qu'il faudrait saisir pour la verser aux ouvrières, pour compenser une partie de leurs pertes.
Cleri, une petite entreprise de chaudronnerie, née de l'externalisation d'une partie des usines Creusot-Loire, a aussi été mise en redressement judiciaire. Fin juin, les travailleurs n'ont pas touché leur paye : il paraît que les caisses étaient vides.
Les patrons successifs de cette entreprise se sont contentés d'encaisser les profits, négligeant les investissements, même les plus élémentaires. En plus de conditions de travail déplorables, les travailleurs de Cleri ont subi le blocage de leur salaire.
Les statistiques nationales du chômage ont pointé une augmentation de 0,8 % du nombre de chômeurs : dans une ville comme Saint-Chamond, ce pourcentage est bien plus fort. Face à de telles attaques, c'est une riposte massive des travailleurs qui s'imposerait.