Pour les enfants d'immigrés, l'éducation nationale n'est pas pressée04/10/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/10/une1783.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans l'enseignement

Pour les enfants d'immigrés, l'éducation nationale n'est pas pressée

En Seine-Saint-Denis, de nombreux enfants arrivés en France depuis des mois, filles ou fils de travailleurs immigrés, n'avaient toujours pas de place dans les collèges à la rentrée scolaire. La plupart d'entre eux sont pourtant à l'âge où la scolarité est obligatoire. Mais l'Inspection académique ne se sent pas tenue pour autant de les scolariser rapidement et correctement.

Chaque année, plus de 3 000 enfants arrivent ainsi dans le département. Ils viennent du Maghreb, d'Afrique, des pays asiatiques ou d'Europe de l'Est. Ils rejoignent leur famille en France, fuyant la misère et les guerres. La plupart d'entre eux ne parlent pas le français. Des classes d'accueil existent dans les collèges, où des professeurs spécialisés leur apprennent à parler français, jusqu'à ce qu'ils soient capables de suivre un enseignement normal. Mais ces classes sont en nombre notoirement insuffisant. Il y en a actuellement une quarantaine dans le département, et à vingt élèves maximum par classe cela ne fait pas le compte.

Alors, la liste d'attente s'allonge, et des élèves venus s'inscrire pleins d'espoir en décembre 2001 n'avaient toujours pas mis les pieds dans une classe en septembre 2002. Cela pose bien sûr de nombreux problèmes aux familles. Certains parents ont même été menacés de sanctions par la Sécurité sociale pour n'avoir pas envoyé leurs enfants à l'école

En réalité, l'Education nationale fait tout à l'économie, dans ce domaine comme dans bien d'autres. Plutôt que de recruter et de former assez d'enseignants en français langue étrangère, elle a recours quand elle crée de nouvelles classes à des contractuels recrutés au coup par coup. Et si elle n'en trouve pas, la classe n'existe que sur le papier. Ou alors elle tente de forcer la main à d'autres professeurs pour qu'ils acceptent ces classes auxquelles ils ne sont nullement préparés. De même, elle persiste à envoyer certains élèves apprendre le français dans un collège et suivre leurs autres cours ailleurs, malgré les engagements pris l'an dernier auprès des enseignants. Elle fait pression pour que des élèves qui devraient normalement aller en classe d'accueil soient directement intégrés dans les autres classes du collège, sous prétexte qu'ils connaissent un tout petit peu le français. Et s'il faut attendre de longs mois pour entrer dans ces fameuses classes, pas question d'y rester trop longtemps. Un an est le délai maximum, quel que soit le niveau où l'on est arrivé.

Encore tout cela n'existe-t-il que pour les élèves qui ont moins de 16 ans, l'âge limite de la scolarité obligatoire. Au-delà, plus rien n'est garanti ! Le service minimum en matière d'éducation.

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