Le gouvernement Chirac-Raffarin a envoyé des militaires français pour, dit-il, évacuer les ressortissants français et étrangers en Côte-d'Ivoire. Par étrangers, il faut entendre les citoyens américains ou européens et non burkinabés, maliens, sénégalais, sierra-léonais, guinéens, dont plusieurs millions vivent dans le pays ! Soutenue par des militaires américains, l'armée française a multiplié les opérations d'évacuation dans les régions de Bouaké, de Korhogo et de Ferkéssédougou, au centre et au nord du pays, aux mains des militaires rebelles.

Mais derrière l'intervention dite humanitaire, l'impérialisme français a en fait décidé d'apporter un soutien " logistique " à l'armée ivoirienne qui serait en déroute, en lui fournissant des moyens de transport, des systèmes de communications, des rations alimentaires... et même des munitions ! Autrement dit de l'habiller de pied en cap pour qu'elle puisse continuer à faire la guerre aux militaires rebelles qui depuis plus de dix jours ont réussi, semble-t-il, à conquérir tout le nord du pays.

La France reste fidèle à son passé de puissance coloniale, considérant l'Afrique comme sa chasse gardée et soutenant les pires dictatures. Positionnée autour de Yamoussoukro, la capitale politique du pays, et non loin de Bouaké, l'armée française sert de tampon entre l'armée ivoirienne et les forces armées rebelles pour les empêcher de marcher sur la capitale.

On verra si le gouvernement français décide d'accorder jusqu'au bout son soutien au régime de Laurent Gbagbo. En attendant, la présence de soldats français en Côte-d'Ivoire permet également de veiller sur les intérêts des patrons français présents dans le pays. La France est de loin le premier partenaire économique et financier de la Côte-d'Ivoire. Grandes banques, promoteurs immobiliers et autres grands patrons comme Bouygues, Bolloré - pour ne citer que ceux-là - ont investi l'économie du pays. Les entreprises françaises se retrouvent en position dominante dans les télécommunications, le BTP, l'énergie, l'eau, l'agroalimentaire, les transports, les banques, etc.