La chute des marchés boursiers : Un système aberrant et catastrophique04/10/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/10/une1783.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

La chute des marchés boursiers : Un système aberrant et catastrophique

" Déroute ", " lundi noir ", " krach ", c'est la même image qui revenait dans les différents quotidiens pour qualifier la nouvelle chute que les principales places boursières ont connue le 30 septembre. A Paris, le CAC 40 (indice des principales valeurs cotées) a perdu 5,87 % en une seule journée, la Bourse de Londres a également chuté de 4,75 %, celle d'Amsterdam de 6,14 % et Francfort de 5,31 % tandis que le Nasdaq américain reculait de 2,27 %.

Il y a quelque temps encore, les prétendus experts et les dirigeants des États se voulaient rassurants et promettaient un rapide retour à la croissance. Aujourd'hui, ils avouent ne pas savoir comment enrayer la crise et plus personne ne se hasarde à faire un pronostic optimiste pour le proche avenir. " Faire preuve d'audace aujourd'hui, c'est dire qu'on échappera à 1929 ", confiait le responsable d'une grande banque française au quotidien Libération.

Il est un fait que la débâcle actuelle ne peut qu'évoquer ce krach de 1929. Après des années où le cours des actions n'a cessé de monter, et à des rythmes sans rapport avec la croissance réelle de l'économie mondiale, la tendance s'est inversée. Et non seulement cela dure, mais la chute des cours s'accélère. La Bourse de Paris a ainsi perdu 29 % au cours du dernier trimestre, totalisant 40 % depuis le 1er janvier 2002 et près de 60 % par rapport à son niveau le plus haut de septembre 2000.

Certes, une grande partie des milliards d'euros ou de dollars que l'on dit s'être volatilisés depuis cette époque étaient fictifs et n'avaient de valeur que tant que la confiance et les espoirs de croissance étaient de mise. Ce fonctionnement de l'économie était aberrant, bien sûr, mais il a permis à de nombreuses entreprises de gonfler artificiellement leur richesse. Partant de là, les dirigeants des grands groupes ont pu se lancer dans des opérations d'acquisition ou de rachat payées au prix fort, ou encore distribuer d'importants dividendes à leurs actionnaires. Ce sont ces mêmes trusts qui, comme Enron aux États-Unis, Vivendi, Alcatel ou France Télécom en France, se retrouvent aujourd'hui dans une situation financière critique. Et bien d'autres groupes industriels ou bancaires risquent de suivre dans un proche avenir.

Il y a longtemps qu'au Brésil, en Argentine ou en Corée, sans parler de l'Afrique, la crise est une réalité dramatique. Maintenant les pays les plus industrialisés eux-mêmes sont rattrapés par la crise. Après avoir payé les conséquences de la phase spéculative par une dégradation de leurs conditions de travail et de leurs revenus, les travailleurs américains et européens font eux aussi les frais de la débâcle de la Bourse. D'abord en tant que salariés, par des plans de restructurations et des licenciements en série ; mais aussi en tant que contribuables, puisque les États sont de plus en plus amenés à intervenir pour éponger les dettes ou recapitaliser les entreprises défaillantes.

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