Irak : La campagne guerrière de Bush04/10/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/10/une1783.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Irak : La campagne guerrière de Bush

Les États-Unis poursuivent leur campagne de préparation à un engagement militaire en Irak. Jeudi 26 septembre, le secrétaire d'État américain, le général Colin Powell, a indiqué que les dirigeants américains et britanniques se seraient mis d'accord sur un projet de résolution qu'ils comptent présenter devant le conseil de sécurité de l'ONU. De leur côté, les autres membres du conseil de sécurité, dont la France, font état de réticences, mais Chirac a déjà fait savoir à Bush que si les États-Unis s'engageaient dans la guerre, il en serait.

Le contenu exact de la résolution n'est pas connu mais elle prévoit un recours automatique à la force au cas où Bagdad ne respecterait pas ses engagements vis-à-vis des Nations unies. Par rapport aux concessions faites par l'Irak le 16 septembre dernier, en acceptant le retour des inspecteurs en désarmement de l'ONU, la nouvelle résolution représente un durcissement de l'attitude du gouvernement américain et de son allié anglais. Les États-Unis souhaitent aller plus loin en matière de contrôle. C'est évidemment une surenchère pour pousser le régime irakien dans ses retranchements et donner un prétexte à une nouvelle intervention militaire des grandes puissances.

Le président américain Bush poursuit donc sa campagne de dénonciation de la menace que feraient peser sur le monde l'Irak et le dictateur Saddam Hussein. Pour Bush, " c'est un homme dangereux et brutal " qui " doit être désarmé ". Et le président américain de conclure... brutalement : les exigences de l'ONU doivent être " satisfaites, faute de quoi, elles seront imposées ". Si le " feu vert " à la guerre reste à donner, cela n'empêche pas les aviations américaine et britannique de continuer leurs raids contre l'Irak, comme elles le font maintenant depuis dix ans. Le jour même où le secrétaire d'État américain s'adressait aux sénateurs américains, le centre de communication militaire irakien d'Al-Kufa, à 125 km de Bagdad, et l'aéroport international de Bassorah, dans le sud du pays, étaient bombardés. Dans une lettre du gouvernement irakien adressée à l'ONU, celui-ci a fait état de 850 violations de son espace aérien pendant une période de quatre semaines.

La France, la Russie et la Chine affichent des réticences vis-à-vis de la résolution des États-Unis et de la Grande-Bretagne. Chirac aurait critiqué le fait qu'elle permettrait aux États-Unis d'attaquer l'Irak à leur convenance, tout en se prévalant de l'appui moral de l'ONU. Il y a quelques semaines, c'est pourtant Chirac qui suggérait à Bush de faire cautionner une éventuelle intervention américaine par les Nations unies. Derrière ces réserves, il y a en fait le souci de puissances de second rang qui demandent aux États-Unis de sauvegarder les formes et de ménager la susceptibilité des autres membres du conseil de sécurité de l'ONU.

A la place de la résolution anglo-américaine, Chirac souhaiterait une résolution qui serait en quelque sorte un premier avertissement sans frais, avant de passer ensuite à une résolution justifiant des représailles. Autant dire que ce n'est pas cela qui désamorcera une guerre éventuelle. Mais ce n'est pas pour surprendre. Le président français a déjà fait savoir, il y a quelques semaines, que si les États-Unis s'engageaient dans cette guerre, l'État français entendait y faire un peu de figuration, comme il l'a récemment fait en Afghanistan.

Bush continue donc sur sa lancée de hargne guerrière des semaines écoulées. Cette campagne de menaces contre l'Irak sert surtout aux dirigeants américains de dérivatif à leurs difficultés intérieures. A l'approche des élections américaines de la mi-mandat, la campagne sur l'ennemi extérieur, la mise en condition de l'opinion américaine pour la guerre, arrive à point nommé pour faire oublier la crise économique et les énormes scandales financiers qui éclaboussent le capitalisme américain.

Tels sont les calculs politiques du cynisme le plus absolu, pour lesquels les dirigeants de la première puissance mondiale sont en train de préparer le monde à une nouvelle guerre, peut-être terriblement meurtrière pour la population irakienne elle-même, déjà très durement éprouvée.

Les États-Unis pourraient d'abord intensifier les bombardements sur l'Irak, comme ils l'ont fait pendant des années au Viêt-nam ou comme ils l'avaient fait pendant cinq semaines au début de la guerre du Golfe. Mais une guerre possède aussi sa propre dynamique et un engagement militaire, même calculé, pourrait déboucher sur un embrasement de toute la région.

A chacune de leurs déclarations arrogantes et va-t-en-guerre, Bush et son entourage montrent qu'ils sont prêts à prendre le risque de mettre le Proche-Orient à feu et à sang sans sourciller. Une menace autrement plus grave que celle que l'Irak est accusé de représenter.

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