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Guadeloupe : Grève des travailleurs de la centrale thermique
La grève des travailleurs de la CTM ( Centrale thermique du Moule) - Le Moule est une ville du nord de la Guadeloupe - dure depuis plus de quinze jours. Les travailleurs réclament le statut des industries électriques et gazières. Jusqu'à présent, le directeur de la Centrale refuse catégoriquement de leur accorder ce statut. La grève se poursuit donc. Et comme la CTM produit 30 % de l'énergie électrique de l'île, l'EDF organise des délestages tournants. Périodiquement donc, des quartiers et des villes entières sont privés d'électricité.
La CTM est une centrale qui fonctionne à partir de la bagasse ( résidu de la canne à sucre) relayée par du charbon. Elle regroupe 34 ouvriers. Une bonne partie d'entre eux est syndiquée à la CGT-G qui dirige le mouvement. L'argument principal de la direction est que ces ouvriers ne produisent pas d'électricité mais de la vapeur ? ? ! !... Mais il suffit qu'ils arrêtent de " produire de la vapeur " pour que, comme par hasard, il n'y ait plus d'électricité dans une bonne partie de l'île.
Une première grève avait été déclenchée en décembre dernier et avait duré vingt jours. Ensuite, après de multiples démarches, les travailleurs avaient obtenu l'accord du préfet de l'époque qui s'était plaint lui-même de l'attitude de la direction de la CTM auprès du procureur de la République. Ils avaient même obtenu l'accord écrit du ministre délégué à l'Industrie sous le gouvernement Jospin, puis celui du nouveau gouvernement Raffarin. Les pouvoirs publics reconnaissent donc aux travailleurs le droit légitime et légal de la CTM d'obtenir le statut des industries électriques et gazières. Seul le directeur s'y oppose. La Fédération CGT-G de l'Energie vient de publier une déclaration faite aux douanes par le directeur de la CTM et l'activité notée dans la déclaration à propos de la CTM est bien " production et distribution d'électricité ". Là, il n'est plus question de " vapeur ".
Alors, devant le refus et la mauvaise foi de la direction et face aux atermoiements de l'État dont la pression sur le directeur est bien molle, les travailleurs sont décidés à poursuivre la lutte. Ils sont regroupés quotidiennement en piquet de grève devant la Centrale. A plusieurs reprises ils ont, par voie de tracts et de déclarations sur les ondes, expliqué les raisons de leur mouvement et de leur colère à la population. Celle-ci semble dans l'ensemble comprendre le mouvement et supporter tant bien que mal les coupures. La situation faite aux travailleurs de la CTM lui paraît bien comme elle est : injuste. Et d'autant plus injuste en effet que l'entreprise réalise 6 milliards de centimes de bénéfices ( en francs) alors que le coût du passage au statut des industries électriques et gazières est évalué à 500 millions de ces mêmes centimes. Alors, quand le patron parle de fermer l'entreprise et fixe des ultimatums, ce ne sont pour l'instant que des menaces pour tenter de casser le moral des grévistes.
Seuls, pour le moment, le lobby patronal, ou la présidente du Conseil régional, Lucette Michaux-Chevry, font porter aux grévistes la responsabilité de la " dégradation de l'économie " ou encore " la baisse de la fréquentation touristique. " C'est le leitmotiv habituel de ces gens-là. Que ne s'en prennent-ils au patron de l'entreprise qui est le seul responsable de la colère des travailleurs, de la grève et de sa durée !