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Dans les entreprises
EDF-GDF : Préparer la suite du 3 octobre
A la veille du 3 octobre, on ne pouvait évidemment connaître les résultats de cette journée de grève et de manifestation. Mais tout indiquait qu'elle serait un succès. Partout, dans les centres parisiens comme en province, on constatait la volonté du personnel de venir massivement, et nombre de salariés militaient pour la grève.
Des autocars étaient loués, des trains affrétés, et les moyens de transports prévus s'avéraient parfois insuffisants. Bien des salariés qui ne manifestent ou ne font pas grève d'habitude affirmaient leur volonté de participer à cette journée. Dans les services de la direction générale, des cadres avaient prévu de manifester (parfois en prenant un jour de congé) : ce qui serait leur première manifestation !
Chacun s'attendait donc à un succès. Mais la question était déjà celle de la suite.
Jusqu'à présent la direction d'EDF, par la voix de son président a affirmé, devant une commission parlementaire, son souhait de s'attaquer aux régimes des retraites des agents, en créant une caisse indépendante d'EDF, en " l'adossant au régime général ", c'est-à-dire en supprimant les avantages spécifiques des électriciens et gaziers, et en augmentant les cotisations.
Il s'agit pour le moment d'une déclaration d'intention, aucune mesure n'a encore été prise, aucune date fixée. Il y a cette menace affirmée par la direction que l'attaque sur les retraites doit être un " préalable à l'ouverture du capital ", mais qu'elle aura lieu de toute façon, même en cas de retard de ladite ouverture.
Après le 3 octobre, le président d'EDF, Roussely, et son compère de GDF, Gadonneix, vont probablement devoir laisser passer un peu de temps. Mais lorsqu'ils trouveront un moment favorable, ils attaqueront de nouveau.
Le personnel d'EDF ne peut donc en rester là. Il faut obtenir la garantie que ni EDF ni GDF ne s'en prendront à nos retraites, et donc rester mobilisés et prêts à " remettre ça ". Car la grève et la manifestation du 3 octobre auront sans doute montré que le personnel d'EDF-GDF représente une force considérable, présente dans tout le pays, qu'elle bénéficie de la sympathie de l'ensemble du monde du travail, et que le " tous ensemble " de 1995 pourrait se retrouver à l'ordre du jour.
Un peu partout, dans la région parisienne en tout cas, des réunions sont prévues, dans le cadre syndical, au lendemain du 3 octobre, ou dans la semaine qui suit, pour tirer les conséquences de la journée et examiner la suite à donner au mouvement.
Mais il y a de sérieux problèmes du côté des directions syndicales. Ces dernières ont appelé ensemble à la grève et à la manifestation, ce qui a évidemment pesé en faveur du succès. Mais la fermeté au sommet est-elle équivalente à celle qu'on trouve à la base ? Ce n'est un mystère pour personne qu'au sommet de la CGT (mais il n'y a pas qu'elle) la Fédération n'est pas toujours très " claire ". Denis Cohen, le secrétaire CGT de la Fédération de l'énergie, avait bien trouvé une idée consistant à prélever une taxe sur le transport de l'énergie pour financer la future caisse de retraite. L'ennui c'est que cette " riche idée " implique la création d'une caisse de retraite qui jusqu'à présent n'existe pas... et que précisément le personnel combat. Ces propos, qui allaient dans le sens de la direction, ont été ensuite démentis.
Admettons, mais ce n'est non plus un secret pour personne que certains syndicalistes se verraient avec plaisir dans le rôle de gestionnaires de cette caisse de retraite indépendante d'EDF, que le président appelle de ses voeux. Ajoutons que durant les jours précédant la manifestation, dans la région parisienne, les tracts syndicaux, dénonçant - à juste titre - la menace d'ouverture du capital, ne parlaient guère - voire plus du tout - du problème des retraites, ce qui est tout de même ce qui tient le plus à coeur aux salariés.
Beaucoup de travailleurs d'EDF et de GDF partagent le sentiment que la journée du 3 doit être un début, qu'il faut se préparer à faire grève et à manifester de nouveau. Le personnel a la force de faire reculer la direction. Il a aussi la force, si besoin est, de ne pas se laisser mener en bateau par des dirigeants syndicalistes qui prétendent le représenter.