Ils s'occupent de nos vacances, préparons leur rentrée !02/08/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/08/une1775.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Tribune de la minorité

Ils s'occupent de nos vacances, préparons leur rentrée !

Raffarin, grand seigneur, fait mine de penser à « ceux d'en bas ». Sa décision de s'opposer provisoirement à la hausse des tarifs d'EDF et de la Poste est pourtant bien insuffisante pour faire oublier les hausses qui sont tombées en cascade cet été.

Si les timbres et l'électricité n'augmentent pas tout de suite, ce n'est que partie remise. Et il reste les hausses à France Télécom, dans les transports publics, pour les carburants, qui grèveront lourdement le budget des familles les plus modestes. Il reste aussi la diminution de 5 % de l'impôt sur le revenu qui n'est qu'une machine à restituer toujours plus d'argent aux nantis : 70 % de la ristourne sera empochée par les 10 % des contribuables les plus riches.

Toute sa politique est dans cette lignée : faire payer les travailleurs et les classes populaires pour financer les profits d'une minorité de patrons et d'actionnaires. Ainsi sous couleur de favoriser l'emploi des jeunes, le ministre des Affaires sociales, Fillon, prépare un nouvel allégement des charges des entreprises. Ces allégements de charges que les gouvernements précédents, Balladur, Juppé puis Jospin, n'ont cessé d'augmenter représentent déjà 18 milliards d'euros par an (120 milliards de francs). Autant de subventions pour les patrons. Elles pourraient donc s'allonger encore de 19 milliards d'euros sur deux ou trois ans, soit 125 milliards de francs.

Par contre, pour le coup de pouce au Smic, il n'y avait pas d'argent. Pour des embauches dans les hôpitaux non plus. Le gouvernement préfère « assouplir les 35 heures », c'est-à-dire faire faire des heures supplémentaires et payer les jours de congé... passés au travail. Ils commencent à nous refaire le topo « il y a trop de fonctionnaires », pas dans la police bien sûr, ni la justice - puisque la répression est la seule chose que le gouvernement ait à proposer pour les quartiers populaires - mais dans la santé, les transports, l'éducation. Le Sénat propose déjà de faire des économies en ne remplaçant que 75 % voire la moitié des départs en retraite de la fonction publique !

Enfin il faut bien s'attendre à ce qu'ils nous fassent payer leur crise financière et la dégringolade de la Bourse. Le gouvernement lui-même se propose de mettre en place une commission qui serait une sorte d'observatoire des licenciements économiques. C'est dire qu'il s'attend à une nouvelle vague de mise au chômage. C'est ça, le capitalisme : quand les entreprises font des profits, les patrons nous expliquent qu'ils doivent licencier pour en faire encore plus, comme Lu-Danone il y a un an. Et quand elles n'ont font plus, elles le doivent pour pouvoir en refaire. Pile, je gagne, face, tu perds ! Nous aurions vraiment tout à gagner, nous les travailleurs, à changer cette société.

Chirac, Raffarin et consorts craignent une rentrée sociale chaude. Ils redoutent notre réaction. Tout comme les patrons qu'ils servent. C'est pour cette raison qu'ils profitent de l'été pour s'en prendre à notre niveau de vie, mais qu'ils n'osent pas tout faire passer en même temps. Pour les retraites, dont ils veulent allonger la durée de cotisation, ils vont probablement attendre un peu. Ils ont encore en mémoire la grève de novembre-décembre 1995 et la raclée subie par Juppé face aux cheminots et aux postiers. Alors, ils saucissonnent leurs attaques dans le but d'éviter notre riposte ou de l'émietter.

Nous savons donc ce qu'il nous reste à faire. N'attendons pas que les mauvais coups tombent un par un, contre toutes les catégories de travailleurs mais les unes après les autres ! C'est tous ensemble que nous pourrons les faire reculer. Non seulement leur faire remballer leurs attaques, mais aussi imposer nos revendications : l'interdiction des licenciements ; l'ouverture des livres de comptes des entreprises au moment où il est plus que public que les patrons truquent leurs chiffres ; une augmentation mensuelle d'au moins 300 euros pour tous pour compenser la baisse de notre pouvoir d'achat, non seulement celle que nous organise aujourd'hui Raffarin mais celle que nous avons subie depuis des années.

Editorial des bulletins d'entreprise L'Etincelle du 29 juillet 2002 édités par la Fraction

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