Hôpital Pitié-Salpêtrière (Paris) : - Des économies à coup de fermeture de lits02/08/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/08/une1775.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Hopitaux

Hôpital Pitié-Salpêtrière (Paris) : - Des économies à coup de fermeture de lits

Le groupe hospitalier de la Pitié- Salpêtrière à Paris compte aujourd'hui 2 024 lits d'hospitalisation. Il en comptait 2 086 en 1999 et 2 342 dans les années 1990. Les fermetures de lits se sont accélérées ces dernières années, à l'occasion notamment de regroupements de spécialités au sein de bâtiments neufs. Ces restructurations ne sont pas terminées et nombre de projets de déménagements de services dans des bâtiments rénovés sont en cours.

Derrière l'humanisation...

Certaines fermetures de lits ont lieu au sein de services, sous prétexte d'humanisation de la prise en charge du patient. Cela cache en fait un manque de moyens en équipements et en personnel. Ce sont souvent les chefs de service qui en font la demande, ne voyant pas d'autre solution à une surcharge générale de travail qui finit par mettre la sécurité des patients en jeu.

Par exemple en 2000, huit lits ont fermé en neurologie, huit autres en psychiatrie, dix lits de gériatrie n'ont jamais ouvert et trente-sept en soins de suite et de rééducation ont été fermés. En 2002, dix-huit lits en radiothérapie-oncologie sont supprimés et cette liste est loin d'être exhaustive. Toutes ces suppressions de lits se font plus ou moins en catimini et quand les conditions de travail en arrivent à une situation critique. Le personnel est alors soulagé d'avoir moins de patients à soigner.

...Ou derrière la rationalisation, le manque de personnel

L'autre méthode consiste à opérer des regroupements de spécialités. Les médecins y sont souvent favorables car cela rationalise leur travail. Mais la direction y voit surtout des économies en personnel et en matériel. Par exemple, en 1996, les deux services de neurochirurgie ainsi que celui d'ORL et celui d'ophtalmologie ont intégré un bâtiment tout neuf surnommé « Tête et cou « . Cela a permis de supprimer dix lits d'hospitalisation de neurochirurgie (soit 10 % des lits existants). Et il y a eu une importante économie en personnel par regroupement des locaux de travail : il y a moins de salles d'hospitalisation, et les consultations, archives, blocs et salles de réveil ont été mises en commun. Ces économies ont touché aussi les médecins : un seul chef de service au lieu de deux, moins de praticiens hospitaliers, moins d'attachés, moins d'internes.

Un service public au rabais

La suppression des lits en hospitalisation a eu des conséquences sur les conditions d'accueil des patients. Par exemple, un patient peut rester en salle de réveil 24 heures, voire parfois 48 heures, au lieu de quelques heures, parce qu'il n'y a pas de place pour le transférer en réanimation. Dans le même temps, des malades qui devraient se trouver en réanimation sont placés en hospitalisation classique, où les effectifs ne sont pas adaptés à la charge de travail qu'ils nécessitent. C'est le règne de la « débrouille » qui prévaut. La direction, tant que ça fonctionne, s'en lave les mains et peut continuer à faire des économies.

Des patients sont déclarés « sortants » plus rapidement que d'habitude, parce que c'est la chasse aux lits vides. Les assistantes sociales s'arrachent les cheveux quand elles doivent trouver des places, trop peu nombreuses, en centres de convalescence ou de rééducation.

Même pour les examens, le manque de personnel est aigu

Enfin, alors qu'à la Pitié-Salpêtrière il y a trois gros centres de radiologie, il est très difficile d'obtenir un rendez-vous de scanner ou d'Imagerie par Résonance Magnétique. L'attente, de plus en plus longue, est passée à un mois, voire deux, pour une IRM et à trois ou quatre semaines pour un scanner. Même pour les patients hospitalisés, et même si l'examen est urgent, il faut souvent attendre une semaine. Seules les urgences vitales sont prises dans les 24 heures. Quant aux patients externes, ils sont priés d'effectuer leurs examens en ville. Et tant pis s'ils doivent avancer les frais.

Les beaux discours sur l'humanisation et l'accueil des patients sont donc avant tout de l'hypocrisie. En réalité, tout est pensé à l'économie. Le personnel et les patients, c'est-à- dire toute la population, en font les frais.

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