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Dans les entreprises
Renault-Flins (Yvelines) : Vos congés m'intéressent...
La direction de Renault vient de mettre sur pied un
d sur les congés dont elle espérait la signature le 31 mai afin de le mettre en pratique dès le 1er juin.
S'appuyant sur la loi Aubry, dont décidément les travailleurs n'ont pas fini de goûter tous les aspects néfastes, la direction veut aligner tous les congés sur l'année civile, du 1er janvier au 31 décembre, au lieu du 1er juin au 31 mai comme actuellement. Ce changement permettrait selon elle " plus de clarté ", " plus de lisibilité " sur nos congés. Les directions syndicales, elles aussi, le considèrent comme anodin... les mêmes qui présentaient déjà ainsi l'abandon de toute référence à la durée hebdomadaire du travail. C'était pourtant le point de départ de la " variabilité des horaires selon les marchés " que nous subissons aujourd'hui.
Ce n'est pas le sentiment des travailleurs dont le mécontentement a été en s'amplifiant. Il y a eu notamment des débrayages comme à Douai, le jeudi 30 mai, puis le lendemain à Flins : 700 à 800 travailleurs, essentiellement de la production, en grève 3 heures et encore à Cléon.
Devant ces réactions, la direction a " rouvert les négociations " le 3 juin, sans succès, puisque, jusqu'à présent, aucun syndicat n'a signé. Elle a donc renvoyé les discussions au niveau des différentes usines, en espérant ainsi obtenir des accords locaux. Elle sait pouvoir compter sur les syndicats qui, CGT exceptée, n'ont rien voulu organiser face à cette attaque. Ils n'ont d'ailleurs même pas daigné informer les travailleurs. Mais les divers débrayages ont pour l'instant fait hésiter ces as du stylo, avant qu'ils n'apposent leur signature en bas d'un accord qui, aux yeux de tous, pourrait aggraver les conditions de prise des congés.
En effet, la direction a déjà réussi à imposer la flexibilité à tout va . Mais ce n'est pas encore assez. Elle veut maintenant déréglementer nos congés afin de mieux se les accaparer.
Dans les usines de production, particulièrement, elle a depuis deux ans fait des essais, en imposant une fermeture de trois semaines seulement dans certaines usines, ainsi que des congés de mi-juillet à mi-août ; le prétexte invoqué étant un brusque démarrage des commandes dès le 15 août (argument bidon, car à Flins, des journées d'arrêt de production ont eu lieu dès septembre).
Aujourd'hui, la direction ne garantit que trois semaines, et rappelle que la loi lui permet de n'accorder que 15 jours en été. Elle a de plus décidé de bloquer la cinquième semaine de congés qui, dans certains établissements Renault, restait au libre choix. Elle veut en disposer pour les périodes de fin d'année, où traditionnellement, elle subit une baisse des commandes.
Tout le monde voit bien où la direction veut en venir. Déjà la mise en place des 35 heures s'est traduite de fait par des horaires quotidiens plus longs qu'avant. En contrepartie, des heures supplémentaires non payées sont placées pour la plupart dans un " Capital Temps Collectif ". C'est-à-dire qu'elles sont à la seule disposition de la direction pour nous mettre en jour de " repos " quand cela l'arrange. En quelque sorte, c'est du chômage partiel à nos frais, mais dont la direction a tellement abusé que cela se traduit pour beaucoup d'entre nous, à Flins par exemple, par du capital temps en négatif. La direction a dû faire l'avance de jours. Un comble pour elle !
Cela fait un moment qu'elle lorgne sur la maigre part du capital temps individuel, en principe à la libre disposition de chacun, mais qui finit par grossir car on se voit souvent refuser des congés par manque d'effectifs, donc de remplaçants Et il est évident qu'elle lorgne avidement sur tous ces congés payés et congés d'ancienneté qui lui seraient tout de même beaucoup plus utiles si elle pouvait en disposer entièrement à sa guise !
Elle a beau enrober son projet, les syndicats qui se veulent responsables ont beau inventer que l'accord nous protégerait contre les excès de la loi, les travailleurs se rendent bien compte que, à terme, la direction veut pouvoir disposer de tous nos congés pour pallier les fluctuations de sa production et ils n'ont pas l'intention de la laisser faire sans rien dire.