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- Lutte ouvrière n°1767
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Leur société
Leur " Europe " des polices
L'annonce de la future création d'un corps de gardes-frontières européen a été présentée comme une sorte de concrétisation, au moins sur ses frontières extérieures, de l'Union européenne, puisque, jusqu'à présent, ses Etats-membres disposent chacun de leurs douaniers et corps de policiers spécialisés.
Mais ce n'est pas par hasard que les ministres de l'Intérieur ont plus parlé de la chose que pris de décisions, pour le moment en tout cas. Car les obstacles abondent en ce domaine, comme en bien d'autres de ce que les Etats appellent " la construction européenne ". Cela supposerait en effet la résolution d'un certain nombre de problèmes juridiques et surtout politiques entre quinze Etats, certes membres de l'Union européenne, mais qui préservent jalousement leurs prérogatives régaliennes. Et ils le font tous au nom d'une " souveraineté nationale " qui recouvre un mélange de démagogie cocardière, à l'égard de leur propre population, et de défense becs et ongles de leur bourgeoisie contre la concurrence de leurs homologues européennes.
On en a d'ailleurs une illustration dans le fait que certaines puissances, et non des moindres à l'échelle européenne, ont refusé d'adhérer aux accords de Schengen, préfiguration de ce que certains appellent " l'Europe des polices "... tout en exigeant que les autres, des Etats appartenant à la zone Schengen, ferment plus hermétiquement leurs frontières. La Grande-Bretagne, par exemple, l'a fait à l'égard de la France dans le cas du camp de réfugiés de Sangatte d'où des immigrés essayent de traverser la Manche, précisément pour obtenir l'asile dans un Etat n'ayant pas d'accord d'extradition avec les pays de la zone de Schengen. C'est ainsi que les prétendues " terres d'asile " européennes se rejettent de façon sordide la responsabilité des immigrés, victimes de la misère et des guerres, qui échouent sur leur territoire.