Espagne : Les " réformes " antiouvrière d'Aznar07/06/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/06/une1767.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Espagne : Les " réformes " antiouvrière d'Aznar

En Espagne, le gouvernement de droite du Parti Populaire a imposé par une procédure d'urgence un décret de réforme concernant les allocations chômage, qui sera lourd de conséquences pour les secteurs les plus défavorisés de la classe ouvrière que sont les chômeurs, mais aussi pour tous les travailleurs. Il aggravera en effet la précarité et la mobilité géographique que le patronat cherche à imposer, en même temps qu'il contribuera à tirer l'ensemble des salaires vers le bas.

La " réforme " prévoit en particulier une remise en cause de l' " aide agraire " que reçoivent les journaliers d'Andalousie et d'Estrémadure, dans le cadre du Plan d'Emploi Rural totalement remis en cause. Et l'on peut penser que sa disparition progressive entraînera une détérioration dramatique de la situation de plus de 200 000 journaliers.

Pour l'essentiel les récentes mesures, prises à la hâte et que le gouvernement a tenu à appliquer avant la grève de protestation initialement prévue pour le 20 juin, remettent en question les droits et les garanties sociales des chômeurs et des licenciés, pour les contraindre à accepter des travaux de plus en plus précaires et éloignés de leur résidence. C'est ainsi que le travailleur qui bénéficie d'une allocation chômage devra accepter, sous peine de sanction financière, n'importe quelle proposition d'emploi à temps partiel ou à temps complet, si précaire soit-il, dans un rayon de 30 kilomètres autour de sa résidence habituelle. Si le demandeur d'emploi n'accepte pas cette offre de travail, qualifiée d'" offre adéquate ", il lui sera retiré trois mois d'indemnités chômage, six mois au second refus. Il ne touchera plus rien au troisième. Le salaire devra correspondre à celui fixé par les accords collectifs de sa catégorie et, faute de tels accords, il ne devrait pas être inférieur au salaire minimum, qui est d'un peu plus de 416 euros mensuels.

En Espagne, où l'on compte officiellement plus de 2 075 000 chômeurs, soit 11,4 % de la population active, seuls 56 % des chômeurs touchent une allocation et 33,5 % d'entre eux ont plus de 50 ans. C'est dire les graves conséquences que peuvent avoir ces mesures favorisant la mobilité géographique et la précarisation de l'emploi.

Les syndicats les plus importants, Commissions Ouvrières et UGT, ont décidé d'appeler à une grève générale de 24 heures le 20 juin, jour du sommet européen de Séville qui clôture la présidence espagnole à l'Union européenne. Ils appellent à protester non seulement contre cette réforme, mais contre l'ensemble des mesures antiouvrières du gouvernement dirigé par Aznar. Il faut souhaiter que cette grève générale de 24 heures soit un succès qui contribue à redonner moral et combativité aux travailleurs qui, en Espagne, subissent les coups d'un patronat qui se croit tout permis.

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