Notre colère et notre dégoût, il faudra leur dire !22/02/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/02/une1752.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Notre colère et notre dégoût, il faudra leur dire !

Visiblement, Fabius-Jospin d'un côté, Chirac de l'autre, sont contents d'eux, à propos de la réussite du passage à l'euro, dont ils s'attribuent respectivement le mérite. Comme si réussir à organiser un changement monétaire, opération purement technique qui ne change rien ni à la situation des plus riches, ni au sort de la population laborieuse, relevait de l'exploit !

Le magot des riches, des capitalistes, des gros actionnaires, ne s'est pas amenuisé depuis qu'il est évalué en euros, d'autant qu'il l'est, à la Bourse, depuis deux ans. Les bilans des grandes entreprises sont éloquents. Les dividendes que les grandes sociétés capitalistes distribuent à leurs actionnaires sont plus que copieux. TotalFinaElf avait annoncé, il y a deux semaines, des résultats records. Depuis, on en a annoncé d'autres, de la même veine. Le journal économique Les Échos signalait, la semaine dernière, que les profits du trust international Unilever avaient augmenté de 12,2 %. Ce même trust avait, comme bien d'autres, jeté à la rue des milliers de travailleurs, y compris en France.

Renault a tout récemment annoncé 1,05 milliard de profits, ceux annoncés par Peugeot-Citroën sont en progression de 29 %. A l'exception du salaire des PDG français, dont on a appris qu'il avait progressé de 36 % en moyenne, quel salarié peut se vanter d'avoir connu de telles augmentations sur sa feuille de paie ?

Car, à la différence des profits, à la différence des salaires des grands patrons, les salaires des travailleurs ont connu, eux, que ce soit en francs hier ou en euros aujourd'hui, la stagnation. Quand ils n'ont pas diminué, en conséquence de la précarité qui dure depuis des années et qui grandit en même temps que le chômage. Un chômage alimenté en permanence par les plans abusivement dits sociaux, qui n'ont pas cessé.

Il y a les licenciements dont la presse fait état parce qu'ils se produisent dans des sociétés dont le nom est connu à l'échelle nationale, tels ceux qu'envisage le trust Péchiney, qui projette de fermer son usine de Marignac pour délocaliser sa production. Mais il y en a des milliers d'autres dont on ne parle pas, parce qu'ils concernent des petites et moyennes entreprises qui n'ont pas une notoriété nationale, mais qui provoquent tout autant l'appauvrissement de bien des familles.

Et puis, il y a les travailleurs dont on a parlé, il y a quelques mois, et qui avaient réussi à se faire entendre en faisant grève et en manifestant, chez Bata, chez LU ou chez Moulinex, et autres. Sauf qu'une fois les licenciements avalisés par le gouvernement, celui-ci s'est empressé d'oublier les engagements qu'il avait pris à chaud afin d'apaiser l'émotion que ces suppressions d'emplois avaient suscitée.

On a appris récemment que les licenciés de Moulinex, à la rue depuis maintenant plus de quatre mois, n'ont rien touché, ni des salaires encore dus, ni de cette maigre prime de licenciement dite exceptionnelle qu'on leur avait promise.

Il est vrai que Jospin et les ministres socialistes sont coutumiers de ce genre d'oubli. Les travailleurs de Vilvorde, et nombre de travailleurs qui avaient sans doute pris pour argent comptant les promesses du candidat Jospin, n'ont pas oublié les promesses non tenues du Premier ministre socialiste. Un premier reniement qui ne fut pas le seul.

Il n'y a qu'à l'égard des riches et du patronat que le gouvernement sait rester fidèle à sa parole. Pour le comprendre, il faut entendre la façon dont Fabius se vante des mesures qu'il a prises en réduisant encore un peu plus les impôts des riches et des entreprises. Il promet d'ailleurs d'en faire plus encore si la majorité dont il est membre était reconduite. Fabius, toujours lui, et Strauss-Kahn se déclarent ouvertement favorables au démantèlement du système de retraite des salariés, comme le ré- clament la droite et le patronat.

Et ce sont ces hommes-là qui voudraient nous faire croire qu'ils représentent une autre politique que la droite !

Décidément, ce gouvernement n'est pas dans le camp des travailleurs, et il ne s'engage pas à y être demain. Il est, comme la droite, exclusivement dans le camp du patronat. Dans le choix politique truqué qui va nous être proposé, les travailleurs n'ont pas à lécher la main qui les opprime et ils n'ont ni à voter pour les politiciens de la droite ni pour ceux de la gauche. Peut-être alors entendront-ils cette protestation-là.

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