LU-Danone : Profits et "justice de riches"22/02/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/02/une1752.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

LU-Danone : Profits et "justice de riches"

La justice confirme le droit de Danone à disposer comme il l'entend de ses usines et du sort de " ses " ouvriers, alors que, lundi 18 février, ce groupe annonçait, pour 2001, un résultat financier de 780 millions d'euros (5,12 milliards de francs), en augmentation de 8,3 % par rapport à l'année précédente. Pour 2002, la direction du groupe pronostique un bénéfice net par action de 10 %.

Le même jour, le tribunal d'Évry déboutait " de toutes ses demandes " le Comité central d'entreprise (CCE) de LU-Danone qui avait déposé plainte afin de tenter de faire annuler en justice, pour " irrégularités de procédure ", la décision de la direction de fermer cinq usines en Europe, dont celles de Calais et Ris-Orangis, et de supprimer des emplois dans celle de Château-Thierry. À l'énoncé du jugement, écrit le reporter du Parisien, un ouvrier présent aurait déclaré : " Justice de riches ! "

Les juges n'ont visiblement pas été impressionnés par l'argumentation du CCE qui demandait quel avantage Danone tirerait à fermer son usine de Ris-Orangis, décrite comme " la plus rentable du groupe ", ou qui reprochait, entre autres choses, à la direction de ne pas avoir tenu compte de l'avis de l'expert mandaté par le CCE et de ses propositions " alternatives " au plan de suppressions d'emplois.

Danone peut, en effet, crouler sous les profits et décider de jeter à la rue des milliers de travailleurs, la loi le lui en reconnaît le droit. Comme à tous les patrons. On se souvient comment, aux débuts du gouvernement de la gauche plurielle, face à Michelin qui, lui aussi, voulait supprimer des emplois en annonçant des résultats financiers florissants, Jospin avait prétendu qu'il n'y pouvait rien. Depuis Michelin, il y a eu beaucoup d'autres plans patronaux de licenciements, des centaines de milliers de salariés y ont perdu leur travail, et donc leurs moyens de vivre, sans que le gouvernement lève le petit doigt. Et quand il se voyait interpeller à ce propos, il continuait à prétendre qu'il n'y pourrait rien, que la loi serait ainsi faite...

Comme si la loi avait jamais arrêté un gouvernement qui veut passer outre ! Et surtout, si Jospin et les partis de la gauche plurielle avaient vraiment voulu changer la loi, que ne l'ont-ils fait depuis cinq ans qu'ils ont la majorité des députés à l'Assemblée nationale ? Ce gouvernement n'a rien fait contre les Michelin, Danone et autres licencieurs, non pas parce qu'il n'aurait rien pu faire, mais parce qu'il ne l'a pas voulu. Tout gouvernement de gauche qu'il soit, il est au service de la bourgeoisie, et non des travailleurs, de Danone ou d'ailleurs, qui risquent de tout perdre à la fermeture de leur usine alors que les actionnaires, eux, non seulement conserveront leur magot, mais l'accroîtront encore. On le sait, les annonces de licenciements font flamber le cours des actions.

Jospin n'a jamais voulu interdire les licenciements, ni menacé les patrons licencieurs de quoi que ce soit. Au lieu de cela, les Jospin, Fabius, Strauss-Kahn, Aubry n'ont cessé de cajoler les capitalistes depuis cinq ans, en leur distribuant aides, cadeaux et subventions, alors même qu'ils voyaient croître leurs bénéfices tout en licenciant à tour de bras.

Alors, comme ce salarié de LU, on ne peut qu'être indigné par une loi qui n'impose rien aux riches, et aussi par ce gouvernement qui s'abrite derrière la loi, parce qu'elle arrange ces riches qu'il sert.

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