Fabius et les retraites : Dénoncer la droite et faire comme elle22/02/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/02/une1752.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Fabius et les retraites : Dénoncer la droite et faire comme elle

La gauche gouvernementale doit à la fois faire croire à son électorat qu'elle mène une politique sociale, et prouver aux patrons qu'elle gouverne en fonction de leurs seuls intérêts. En période électorale, le grand écart est plus difficile.

Laurent Fabius, le ministre de l'Economie, des Finances et de l'Industrie, en a donné un exemple à l'Assemblée, mercredi 13 février, à propos des retraites. Il répondait à un député de droite qui affirmait que Juppé, Premier ministre de droite de 1995 à 1997, s'était " attaqué " au problème de l'avenir des retraites.

" M. Juppé ne s'est pas attaqué au problème, il s'est attaqué aux Français ", a rétorqué Fabius. Bien envoyé, à condition d'entendre par " Français " les salariés de toute nationalité qui font tourner l'économie de ce pays. Juppé a en effet tenté en 1995 de réduire les avantages de certains régimes spéciaux de retraite, comme celui des cheminots, et d'imposer aux travailleurs de la fonction publique de cotiser 40 ans comme dans le secteur privé, depuis que Balladur a décidé d'augmenter la durée du temps de cotisation, au lieu de 37,5 années pour bénéficier d'une retraite à taux plein.

Mais cette petite phrase n'était qu'un des volets du discours de Fabius, le volet " Salariés, votez Jospin, votez PS ". L'autre n'a pas tardé à suivre, le volet " MM. les patrons, vos désirs sont des ordres ".

Fabius a prétendu que " dans une période qui n'est pas éloignée, il y aura déséquilibre " dans le financement des retraites. Car il n'envisage pas que le chômage puisse disparaître, ni qu'on puisse faire payer vraiment les grandes sociétés, qui n'ont jamais fait autant de profits.

Il a tenu à rappeler toutes les mesures par lesquelles la gauche plurielle, depuis cinq ans, a favorisé les fonds de retraite par capitalisation. Par exemple, fin 2002, 15 milliards d'euros seront donnés à un fonds de réserve des retraites, qui ne se comprend que dans la logique des retraites par capitalisation.

Il a ajouté qu'il " reviendrait au nouveau président de la République et au nouveau gouvernement d'aller plus loin en ce sens ", qu'il soit de gauche, comme l'espère Fabius, ou de droite.

Fabius envisage donc, au nom du PS, à étendre les retraites par capitalisation. Et tant pis pour les salariés qui gagnent trop peu pour épargner en vue de leur retraite. Et tant mieux pour les groupes financiers, banques et assurances, qui pourront à leur guise " travailler " et spéculer avec l'argent des retraites. Avec le risque de les voir disparaître dans une spéculation malheureuse ou dans une faillite, comme c'est arrivé aux salariés du groupe anglais Maxwell il y a quelques années, ou d'Enron aux Etats-Unis récemment.

Une pique polémique contre la droite, mais plus sérieux, la promesse faite aux patrons de continuer le démantèlement des retraites : c'est au programme de cette gauche qui ne mérite pas ce nom.

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