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- Lutte ouvrière n°1752
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Leur société
Chevènement découvre le monde du travail !
En même temps qu'il chasse sur les terres de la droite, voire de l'extrême droite, ne refusant ni le soutien des très réactionnaires de Villiers et Poujade ni celui des gaullistes de la première heure et des amis de Pasqua, le candidat à la présidentielle Chevènement met un coup de barre à gauche en s'autoproclamant " le candidat du monde du travail " ! Voilà ce qu'on peut lire dans un quatre-pages en couleurs distribué à trois millions d'exemplaires.
Chevènement part en guerre (sur le papier) contre le manque de considération pour " ceux qui travaillent " et " ceux qui créent les richesses " et s'inquiète (façon de parler) de la fermeture des entreprises qui ne sont pas assez rentables. Mais le voilà qui fait mine de s'insurger (en paroles) contre les " plans sociaux imposés parce que les marchés financiers dictent leur loi et que les fonds de pensions anglo-saxons veulent obtenir toujours plus de profits ". Comment empêcher ces plans sociaux ? Il n'en dit pas un mot. Evidemment, puisque ce n'est pas son problème.
Il n'y a pas si longtemps, Chevènement était ministre et participait à une politique visant à imposer des sacrifices aux travailleurs dont, en bon démagogue, il parle aujourd'hui. Ce haut fonctionnaire, ancien ministre de la Défense et ancien ministre de l'Intérieur, feint de découvrir aujourd'hui l'existence de la classe ouvrière. Il faut dire qu'étant un des privilégiés soumis à l'ISF, l'impôt sur la fortune, il n'a pas l'habitude de fréquenter tous les jours le petit peuple !
Jusqu'aux besoins de la campagne électorale actuelle et de sa chasse aux voix, il avait plus l'habitude de sa solidarité passée avec tous les gouvernements successifs auxquels il a participé.
Les travailleurs d'Alstom à Belfort, ville dont il est député-maire, eux, ne l'ont pas oublié et se souviennent encore de ses belles promesses qui ne les ont pas empêchés d'être licenciés et jetés à la rue. Les travailleurs de Renault-Vilvorde et de Michelin ne l'ont pas oublié non plus et se souviennent parfaitement de son mutisme lorsqu'il était ministre du gouvernement Jospin ; et plus récemment, ceux de Danone, Marks & Spencer et Moulinex n'ont pas entendu ses cris de protestation contre les licenciements. A chaque fois que Chevènement a claqué la porte du gouvernement, ce n'était pas pour la défense du " monde du travail ", qu'il n'a jamais fréquenté.
Enfin, Chevènement, en mal d'imagination, revient plus de cinquante ans en arrière en proposant une " nouvelle alliance entre le monde du travail et les entreprises ", " comme après la Libération " selon ses termes, ce qui ne fait que reprendre, sous un nom à peine modifié, " l'association capital-travail " de De Gaulle.