Bush, pivot de "l'axe du mal"22/02/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/02/une1752.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Tribune de la minorité

Bush, pivot de "l'axe du mal"

G. W. Bush a pris son bâton de pèlerin en direction du Sud-est asiatique. Dans cette contrée aussi, il est en quête d'alliés en vue de sa croisade contre " l'axe du mal ". Japon, Corée du Sud, Chine, sont invités à se ranger sous la bannière du prétendu champion de la " lutte antiterroriste ". Vaste est le front de sa guerre. Il a désigné la Corée du Nord, l'Iran et l'Irak comme cibles et promis ses foudres en priorité à ce dernier pays, que l'aviation américaine n'a d'ailleurs pratiquement pas cessé de bombarder et où la population est déjà condamnée depuis des années à la misère par le blocus des puissances impérialistes. D'ores et déjà Bush a débarqué ses commandos de " forces spéciales " aux Philippines, organisé sur la Somalie et le Yémen une surveillance aérienne renforcée. Et si on en croit la presse, contribué par les renseignements de la CIA, à liquider le chef du GIA algérien...

Pour s'assurer de disposer au Proche Orient de troupes - contre Saddam Hussein ou d'autres - Bush ne rate pas non plus une occasion de prodiguer sa bénédiction à Sharon, accordant avec finances et armes en prime, un blanc seing à l'Etat d'Israël pour terroriser et martyriser le peuple palestinien et le chasser de ses terres.

Dans le même temps, les troupes américaines continuent leur oeuvre en Afghanistan. Elles peuvent impunément, après avoir repéré du ciel " un individu de grande taille " entouré d'autres personnes, semble-t-il déférentes à son égard, prétendre l'avoir pris pour Ben Laden et en conséquence mitrailler et tuer de simples villageois, puis emprisonner et torturer les survivants. A mettre aussi au compte des merveilles de l'intervention impérialiste en Afghanistan, la reprise ou la poursuite, tout comme avant, de la lutte entre les seigneurs de guerre, avec son cortège de victimes un peu partout sur le territoire. Et comme dernier avatar, le spectaculaire assassinat sur l'aéroport de Kaboul d'un ministre de ce gouvernement mis en place par leurs bons soins.

Ah Dieu que la guerre est jolie !

Le son du canon fait incontestablement des merveilles pour Bush. Ne lui a-t-il pas permis de faire voter une augmentation de 15 % des dépenses militaires et de faire passer un budget comportant des milliards de dollars de cadeaux aux grosses sociétés, des baisses d'impôts pour les riches, des coupes claires dans les finances de l'éducation et de la santé frappant les pauvres, tout en faisant remonter le taux de profit ! Alors en jouant sur la fibre patriotique, Bush ne va-t-il pas faire oublier les centaines de milliers de licenciements, la montée du chômage, les sacrifices en tous genres imposés aux travailleurs, le scandale Enron le mouillant lui et son équipe, et placer quand même son parti en bonne position pour gagner les prochaines élections du " Midterm " ?

Les gouvernements de la France, de l'Allemagne, de l'Espagne ou d'autres pays européens rechignent en apparence à s'inscrire dans cette politique. En période d'élections, comme en France ou en Allemagne, s'aligner sur les Etats-Unis, ça risque de ne pas être payant. D'où les réserves - fort mesurées au demeurant - exprimées par des ministres de l'un ou l'autre gouvernement.

Mais on nous explique déjà dans la presse qu'en Europe on ne consacre à " la défense " comme part du revenu par tête d'habitant, que la moitié de ce que les Etats-Unis dépensent. Qu'en conséquence " notre " armement est complètement dépassé et qu'il ne " nous " permet même plus de " nous " inscrire dans une stratégie commune avec les Américains ni de peser sur leurs choix, etc. " Nous aussi nous voulons des avions sans pilote capables de détruire n'importe quel objectif. Et nous refusons que notre industrie soit laissée pour compte dans la préparation d'une guerre presse-bouton contre les forces du mal " revendique-t-on en substance en notre nom.

Si nous comptions sur les gouvernements européens - qu'ils soient de gauche ou qu'ils soient de droite - pour faire barrage à cette pression exercée par la politique américaine, nous serions bien mal partis. Il suffit de se rappeler comment ceux-ci ont filé le train à Washington en Irak, en Serbie, ou encore tout dernièrement en Afghanistan.

Le seul espoir d'échapper à cette logique guerre, dont les victimes se compteront finalement parmi tous les peuples, ne peut venir que du refus des travailleurs d'accepter les massacres qu'on s'apprête à perpétrer ailleurs, comme les sacrifices qu'on veut leur imposer ici. En Europe, comme aux Etats-Unis. Et comme en Israël, où brille depuis peu une lueur d'espoir avec les dernières manifestations contre la guerre et contre la politique de Sharon, montrant qu'une fraction grandissante de la population en a assez de payer pour des intérêts qui ne sont pas les siens.

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