Procès de la Mède : Les vrais responsables ne sont pas inquiétés08/02/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/02/une1750.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Procès de la Mède : Les vrais responsables ne sont pas inquiétés

Le procès des neuf hauts cadres de Total, accusés d'homicide involontaire dans l'accident de la raffinerie de La Mède, dans les Bouches-du-Rhône, vient de se terminer, mais le jugement ne sera rendu que fin avril. Le 9 novembre 1992, une série d'explosions suivies d'un incendie avait provoqué la mort de six employés de la raffinerie et blessé de nombreux autres.

Le procès a mis en évidence la responsabilité des dirigeants de Total : manque d'entretien, mauvais état des canalisations qui n'avaient, pour certaines, pas été vérifiées depuis douze ans, la catastrophe était prévisible. Pourtant, parmi les accusés, ne se trouvait aucun des dirigeants de Total.

La procureure a requis des peines allant de six mois à deux ans de prison avec sursis, assorties d'une amende. "Les prévenus ne risquent pas grand-chose, a-t-elle reconnu. Avec un maximum de 30 000 francs (4 500 euros), les peines d'amende sont particulièrement ridicules. Ce n'est rien pour un groupe comme Total". C'est le moins que l'on puisse dire... Elle a ensuite regretté que le groupe Total, qui a "privilégié une politique de rentabilité toujours accrue au détriment de la sécurité" n'ait pu être poursuivi, selon le code pénal en vigueur au moment des faits, "car le dossier est accablant".

Effectivement, le procès a mis en évidence la pleine responsabilité des dirigeants de Total dans cette catastrophe, où la recherche du profit maximum s'est faite au détriment de la sécurité, tout comme ils sont responsables de l'explosion de l'usine AZF de Toulouse ou du naufrage de l'Erika.

Il a fallu attendre dix ans après l'incendie de la raffinerie de La Mède pour que "justice soit rendue", comme on dit. Mais là encore, elle ne met en cause que des sous-fifres, qui ont certes leur part de responsabilité. Et si la procureure peut tenir des propos virulents contre les dirigeants de Total, elle n'a pas le pouvoir de les inquiéter tant ces grands groupes capitalistes, qui font bon marché de la vie des gens, se situent au-dessus des lois.

Partager