Loire-Atlantique : La grève des instits pour 500 postes08/02/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/02/une1750.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Divers

Loire-Atlantique : La grève des instits pour 500 postes

En Loire-Atlantique, jeudi 17 janvier, après avoir pris connaissance des moyens en postes alloués au département, et des menaces de fermetures de classes, les organisations syndicales d'enseignants du primaire, toutes tendances confondues, ont décidé d'appeler pour le 19 janvier à une assemblée générale les instituteurs et professeurs des écoles de tout le département.

Et à l'issue de cette assemblée, la grande majorité des présents a décidé la grève reconductible pour obtenir 500 postes pour les écoles maternelles et primaires.

La grève a réellement démarré le 24 janvier à la suite de la journée d'action nationale prévue pour tout le personnel de l'Éducation nationale. La manifestation, organisée à Nantes ce jour-là, a surtout mobilisé le primaire, (78% de grévistes) et ce sont eux qui animaient essentiellement le cortège d'un bon millier de personnes. Cent cinquante écoles du département sont restées fermées, à l'assemblée générale de l'après-midi, à la Maison des syndicats à Nantes, confirmait la volonté des grévistes de ne pas en rester là. Et de commencer un mouvement d'ampleur et dans la durée pour obtenir 500 postes, vu les besoins dans le département, alors que 1500 élèves de plus sont attendus pour la rentrée de septembre.

Déjà cette année, il était courant de voir des arrêts maladie non couverts, des stages de formation refusés et le ras-le-bol était déjà visible. Quand l'inspection académique a annoncé les chiffres pour la prochaine rentrée, ce fut la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Car non seulement les postes alloués restent très insuffisants, mais parallèlement, des classes sont supprimées en ZEF, et la scolarisation des enfants de deux ans est remise en cause dans bien des secteurs.

Le mouvement prend de l'ampleur

Depuis, le mouvement ne cesse de prendre de l'ampleur : samedi 26, nouvelle manifestation dans les rues de Nantes, avec les parents et les enfants. Lundi 28, manifestation d'un millier de grévistes devant l'inspection académique avec pique-nique et occupation des locaux. Le soir, les forces de l'ordre, sur ordre de la rectrice, intervenaient sans ménagement pour déloger les occupants. Le lendemain, nouvelle manif à la Préfecture, l'intervention des forces de l'ordre la veille ne faisant que renforcer le mouvement qui continue à toucher de nouvelles écoles. Les grévistes vont d'école en école pour inciter les collègues qui ne sont pas encore dans le coup, à y être.

C'est une intersyndicale départementale qui dirige le mouvement, mais ce sont les AG de secteurs qui sont souveraines et délèguent deux représentants minimum aux AG centrales à Nantes dont la dernière regroupait jusqu'à 800 participants à l'IUFM, (Institut universitaire de formation des maîtres) lui aussi en grève.

Visite aux élus

L'idée d'aller interpeller les élus et notamment Jean-Marc Ayrault, député-maire PS de Nantes et président du groupe socialiste à l'Assemblée, faisait son chemin. Une première action devant la mairie le mercredi 30, avec 500 chaises pour 500 postes, avait déjà permis d'avancer de quatre jours un rendez-vous prévu avec lui.

Le lendemain après-midi, retour devant la mairie avec cette fois un bon millier de personnes, pour s'inviter au conseil municipal et entendre un débat d'intérêt général sur "La Jeunesse", cela tombait bien ! Devant le refus du maire de laisser entrer qui que ce soit, même pas une petite délégation, 150 manifestants, en escaladant un mur et bousculant un cordon de policiers, ont réussi à rentrer en force dans la salle du Conseil aux cris de "Pas 10, pas 100, mais 500 postes !" et en demandant à être reçus sur-le-champ par Ayrault. Ce fut une belle pagaïe car les instits chantaient, criaient les slogans en s'appropriant les micros (avant qu'ils ne soient coupés) et les fauteuils des élus, occupant toute la salle.

Des élus choqués, - c'est la première fois que le conseil municipal de Nantes est envahi de la sorte - montraient leur désapprobation et quittaient rapidement les lieux, le maire ayant déclaré la séance interrompue et ayant lui-même battu en retraite. Seule l'élue de Lutte Ouvrière a chaleureusement applaudi cette irruption dans le conseil municipal et exprimait ouvertement son soutien aux manifestants. Quelques élus, dont l'adjointe au maire PS et bras droit de Ayrault ainsi que des élus PC et Verts sont restés également pour discuter et entendre les revendications des grévistes. Une petite délégation a été reçue alors par les différents représentants des différents groupes politiques, sauf ceux de droite. Ayrault, invisible, s'en tenait au rendez-vous déjà fixé pour le lendemain soir.

A ce rendez-vous, vendredi 1er février il n'a rien promis, disant simplement qu'il serait impossible d'avoir 500 postes pour la Loire-Atlantique alors qu'il n'y en a que 800 pour toute la France. Il a simplement arrangé un rendez-vous entre les représentants de l'intersyndicale et le ministère le mardi suivant à Paris.

Samedi 2 février, 8 000 personnes, enseignants, et pas seulement des instits, parents d'élèves très mobilisés et enfants, manifestaient dans les rues de Nantes. Dans la manifestation, un cortège fut remarqué : celui des grévistes de la Biscuiterie Nantaise, en grève depuis une semaine pour de meilleurs salaires et conditions de travail et qui se sont joints à la manifestation. Ce fut une manifestation imposante, très colorée et dynamique.

Le mot d'ordre de grève était maintenu jusqu'au 5 février. Jusque-là la plupart des écoles devaient rester fermées. C'est un mouvement profond, à l'image de ce qui s'est déjà passé dans le Gard ou en Seine-Saint-Denis et qui ne se satisfera pas de quelques postes ou vagues promesses. Il fait déjà tâche d'huile en Maine-et-Loire et en Vendée, départements voisins où des écoles commencent aussi à être en grève pour les mêmes raisons. Il pourrait aussi s'étendre aux collèges, où là aussi, il y a un manque flagrant de postes et des classes supprimées. Ce serait en tout cas une perspective à donner au mouvement : il faut qu'il s'élargisse pour faire céder le gouvernement.

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