Le chômage a de nouveau augmenté en décembre, pour le huitième mois consécutif. Et la baisse du nombre des chômeurs qui s'était produite au début de l'année a été annulée : il y a finalement davantage de demandeurs d'emplois qu'il y a un an. Officiellement 2 212 100, soit 9 % de la population active. Sans tenir compte, bien entendu, des travailleurs précaires de toutes sortes, des temps partiels, etc.

La ministre de l'Emploi, Elisabeth Guigou, a déclaré que cela venait de "la situation économique qui se caractérise par un ralentissement assez marqué". Certes, on l'avait deviné, s'il y a moins d'emplois, c'est qu'il y a moins de travail !

Mais que propose le gouvernement qui s'était engagé à juguler le chômage dans quelques années, et qui, pour le moment, le voit augmenter ?

Eh bien, comme d'habitude, pas grand-chose, et surtout rien d'efficace.

La ministre a jugé "inadmissible que des emplois-jeunes ne soient pas pourvus". Elle a mobilisé les préfets pour qu'ils interviennent sur le chômage. Elle a "obtenu" dans le budget 80 000 emplois-solidarité de plus que prévu.

Mais tout cela c'est du déjà vu, déjà essayé, et qui ne constitue au mieux qu'un léger calmant ne s'en prenant pas aux causes du mal.

Parmi les mesures proposées, on note que "deux mille demandeurs d'emplois se verront proposer une rémunération publique de formation pour pouvoir poursuivre des études d'infirmières". Il aura fallu que le problème du manque d'infirmières soit devenu explosif pour que l'Etat décide de prendre en charge la formation de... 2 000 infirmières, un nombre dérisoire !

C'est vingt fois, trente fois plus qu'il faudrait ! Et des aides-soignants, du personnel hospitalier, des enseignants, des postiers, des cheminots, etc. Par dizaines et même centaines de milliers. Voilà qui permettrait d'en finir avec le chômage.

Les deux mille infirmières de Guigou, c'est à la fois la reconnaissance de ce qu'il faudrait faire, et se moquer du monde.

Bien sûr, on le sait, l'Etat réserve ses sous au patronat. Et c'est de lui que le gouvernement attend, sinon le salut, du moins une reprise espérée de la diminution du chômage.

C'est qu'une lueur serait apparue à l'Ouest : le PIB américain a progressé de 0,2 % au quatrième trimestre 2001. Ce n'est pas grand-chose, mais les économistes s'accrochent à cela. Et les industriels français seraient maintenant optimistes. La raison en serait très simple : depuis le 11 septembre, et même souvent antérieurement, les industriels prudents ont ralenti leur production, puisé dans leurs stocks, et procédé à des licenciements. En ce moment les stocks seraient vides et il faudrait donc les reconstituer, ce qui fera, peut-être, redémarrer la machine.

Certains prévisionnistes estiment que le chômage devrait cependant croître encore jusqu'au niveau de 9,2 % voire 9,5 % des actifs, et ensuite recommencer à décroître au second semestre de l'année en cours.

Si l'économie américaine le veut bien ! Car, en réalité, personne ne peut garantir qu'il ne se produira pas un nouveau renversement de tendance.

En fait, le rôle du gouvernement se borne à observer la conjoncture économique, à prier pour qu'elle soit bonne, et surtout pas trop désastreuse au moment des élections.

Pour le reste, il s'agite et propose pour les chômeurs des remèdes dérisoires, qui ont depuis longtemps fait la preuve de leur inefficacité.