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Leur société
Le candidat Robert Hue promet "l'audace" qu'il n'a pas eue à l'assemblée
Robert Hue a lancé sa campagne pour l'élection présidentielle en se présentant comme le candidat "de la volonté politique, de l'audace sociale". Mais de l'audace, on ne peut pas dire que Robert Hue et le PCF en aient fait preuve face aux mesures antisociales et antiouvrières du gouvernement socialiste depuis 1997. A commencer par son attitude à l'Assemblée.
Aux élections législatives de juin 1997, le PCF a obtenu 38 députés, le PS 241 sur un total de 577. Même avec le soutien des Verts et des chevènementistes, le PS n'avait donc pas la majorité absolue, qui est de 289.
Pendant cinq ans, le gouvernement Jospin a donc eu besoin des voix du PCF pour passer toutes ses lois et ses budgets. Il les a obtenues. A aucun moment le soutien du PCF n'a manqué au gouvernement. Les députés PCF ont voté les textes des socialistes quand leurs voix étaient indispensables, ou se sont abstenus quand le PS avait le renfort d'une partie de la droite.
Ainsi, le groupe de députés PCF a voté les lois Aubry, qui, sous prétexte de 35 heures, ont généralisé la flexibilité et l'annualisation du temps de travail. De plus ces lois n'imposaient aucune embauche alors que des subventions colossales étaient octroyées au patronat.
Le groupe PCF a aussi voté toutes les lois de finance et les budgets annuels. Il approuvait ainsi le fondement de la politique du gouvernement qui taillait dans les emplois publics, privatisait à tour de bras, tout en baissant l'impôt sur les sociétés et l'impôt sur le revenu des plus hautes tranches. Il s'est abstenu lors du vote des lois Chevènement sur la nationalité et "l'entrée et le séjour des étrangers". Ces lois refusaient pourtant d'abroger les lois Pasqua sur la double peine et refusaient la régularisation automatique des sans-papiers. Aujourd'hui encore, plusieurs dizaines de milliers de sans-papiers continuent d'être victime de ces lois.
Le budget de la Sécurité sociale est aussi voté par le Parlement. Là encore, le PS a poursuivi la politique d'Alain Juppé, concernant "la maîtrise comptable des dépenses de santé" obligeant les services de santé à être rentables et à économiser sur les effectifs et le matériel au mépris des malades et du personnel soignant. Dans l'Humanité, Robert Hue en visite à l'hôpital Georges-Pompidou répond ainsi à un syndicaliste " Je peux être au gouvernement et ne pas être d'accord avec certains de ses choix. Depuis 1997, le PCF n'a jamais voté la loi de financement de la Sécurité sociale, parce que justement c'est la voie de la "maîtrise comptable" qui a été choisie." Mais justement, la majorité du groupe PCF et Robert Hue n'ont pas voté contre le budget de la Sécu, ils se sont abstenus et lui ont permis de passer.
Lors du dernier vote, le 4 décembre 2001, il y avait 271 pour, 255 contre et 25 abstentions ou refus de vote. Si les députés PCF avaient voté contre, ce budget ne passait pas. N'avait-il pas là un moyen d'obliger le gouvernement à choisir ? Robert Hue aurait très bien pu expliquer qu'il ne pouvait accepter qu'on donne 3 milliards aux patrons des cliniques privées, alors qu'on refuse d'embaucher des infirmières dans les hôpitaux, refuser de voter un budget prévoyant la fermeture de maternités, de cliniques et d'hôpitaux de proximité alors qu'on refuse de toucher aux bénéfices colossaux de l'industrie pharmaceutique. Et il aurait été compris, au moment même où dans beaucoup d'hôpitaux, le personnel faisait grève pour réclamer des moyens.
Les députés PCF auraient pu ainsi se montrer utiles, à condition d'avoir un peu d'audace et de volonté politique. Mais le PCF a préféré laisser passer une fois de plus un budget scélérat et rendre service au Parti Socialiste.
Alors, au syndicaliste qui s'interroge sur ses propositions alors que le PCF est au gouvernement, Robert Hue peut bien répondre : "Donnez-moi plus de poids au sein de la gauche et vous verrez". Même s'il obtenait plus de députés, on verrait quoi ? Puisqu'il ne s'est pas servi du poids et du nombre pourtant stratégique de ses députés pendant cinq ans, pourquoi le ferait-il demain ?