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- Lutte ouvrière n°1750
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Hôpitaux - après la manif du 31 janvier contre le protocole Guigou - Les hospitaliers contre l'escroquerie sur les 35 heures
Jeudi 31 janvier, des milliers de travailleurs des hôpitaux ont manifesté dans plusieurs villes du pays. A Paris, ils étaient 7000, principalement venus des régions au nord de la Loire ainsi que de Lyon et de Clermont-Ferrand. Les hôpitaux d'Ile-de-France représentaient un tiers du cortège. Tous étaient venus exprimer leur refus du protocole Guigou et de ses applications locales car c'est maintenant que beaucoup d'hospitaliers réalisent qu'ils risquent d'y être perdants. Et les coups de matraque auxquels ont eu droit les manifestants près du ministère de la Santé ne remplaceront pas l'argent qui manque pour le service public hospitalier.
Depuis un an, le ministère de la Santé a tout fait pour faire passer son projet tout en désamorçant les luttes. Avant même de fixer le cadre juridique national des 35 heures, il a agité la carotte des négociations locales et commencé la mise en place des comités paritaires avec les syndicats, dans chaque établissement. Les fédérations syndicales, au lieu de dénoncer la tentative de diviser pour régner, ont valorisé les futures négociations locales comme devant permettre de mieux adapter les 35 heures à chaque cas et de mieux préserver les "acquis locaux".
On voit ce qu'il en est aujourd'hui. Sans embauche, sous la pression du manque d'effectif déjà problématique, les directeurs et les conseils d'administration se bornent à reproduire le protocole Guigou en y ajoutant l'en-tête de leur établissement. Ils ont beau jeu de dire que de toute façon l'Agence Régionale de l'Hospitalisation (ARH), émanation du ministère, refuserait leur projet s'il n'était pas conforme, ce qui s'est effectivement déjà produit pour certains établissements. Après le leurre des négociations locales, certains agitent maintenant le leurre d'une dotation supplémentaire de postes par l'ARH pour récompenser les bons protocoles signés. Mais comment les ARH pourraient-elles donner ce qu'elles n'ont pas ?
La lutte générale qui serait nécessaire pour obliger le gouvernement à débloquer des crédits pour des embauches massives et immédiates n'est toujours pas mise en avant par les fédérations syndicales. C'est pourtant cela qui pourrait encourager les hospitaliers actuellement en grève dans le pays et pourrait en entraîner d'autres. Et rien ne dit que dans les mois à venir, devant les difficultés concrètes rencontrées dans l'application des 35 heures, les travailleurs ne trouveront pas eux-mêmes le chemin pour y parvenir.