Etats-unis : Un "état de l'union" qui profite aux plus riches08/02/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/02/une1750.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Etats-unis : Un "état de l'union" qui profite aux plus riches

Dans son discours sur l'état de l'Union, celui qui ne cesse depuis le 11 septembre de mettre ce qu'il appelle "la lutte contre le terrorisme international" au centre de sa politique, a vanté l'unité patriotique manifestée, selon lui, par tout le peuple américain derrière ses dirigeants. Il en a profité pour annoncer une augmentation du budget de la défense nationale qui ira d'abord remplir les coffres de quelques grosses compagnies. Pour ces gens-là, le patriotisme doit se traduire par des espèces sonnantes et trébuchantes.

Le président ne s'est même pas donné la peine d'essayer de se désolidariser du scandale de la firme Enron, avec les dirigeants de laquelle il est très lié. Pas plus qu'il n'a dit quelles étaient les recettes que son gouvernement comptait employer pour remédier, sinon à la récession économique qui touche le pays, mais du moins à quelques-unes de ses conséquences les plus catastrophiques pour la population américaine, et d'abord les travailleurs.

Il n'a rien dit du premier épisode de la mise en oeuvre de l'aide financière que le Congrès et lui-même ont décidée, après le 11 septembre, pour voler au secours des transporteurs aériens criant misère : la compagnie America West va recevoir 380 millions de dollars (442 millions d'euros) de prêts fédéraux, mais sous condition que cette compagnie suspende les augmentations de salaires actuellement prévues pour une partie de ses salariés et "contrôle le coût du travail" de tous, cela pour les six années à venir.

Bush s'est au contraire vanté de continuer à baisser les impôts, oubliant simplement de préciser que ces baisses vont bénéficier essentiellement aux catégories les plus riches, les véritables possesseurs du pays. Il n'a rien dit des dizaines et des dizaines de milliers de travailleurs privés d'emploi dans les douze mois écoulés, pour certains bien avant le 11 septembre, pour d'autres suite aux plans de licenciements annoncés, comme par hasard, après cet événement.

Et ce n'est pas un président tout inféodé aux puissances financières qui allait déplorer l'accroissement de l'écart entre les revenus d'un Américain moyen et ceux d'un membre de la mince couche du 1 % des Américains les plus riches : le rapport entre ces deux chiffres est passé de 1 à 10 en 1979 à 1 à 23 à la fin des années 1990. Et il n'est pas ici question des revenus des plus pauvres.

Pour le va-t-en-guerre Bush, l'état de l'Union est peut-être satisfaisant. Mais sa rhétorique patriotique ne peut cacher que le peuple américain lui-même est victime de la domination de cette classe exploiteuse et oppressive qu'est la bourgeoisie du pays le plus riche du monde.

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