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- Lutte ouvrière n°1750
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Leur société
Bilan sur la santé en France : Pour être bien portant, mieux vaut être riche...
Le bilan sur la Santé des Français en 2002 fait par des membres du Haut comité de santé publique conclut que la population, dans son ensemble, paraît mieux soignée en France que dans bien des pays riches. On vit de plus en plus vieux : le nombre d'années que peut espérer vivre une personne fêtant son 65e anniversaire est de seize ans pour les hommes et vingt ans pour les femmes. Mais les inégalités sociales devant la santé, elles, ne régressent pas.
A 35 ans, l'espérance de vie d'un ouvrier est inférieure de 6,5 années à celle d'un cadre. Les maladies professionnelles auxquelles sont exposés les ouvriers expliquent cette différence, pour une part peut-être plus grande que ne le disent les statistiques. En effet, beaucoup de maladies sont encore difficilement reconnues comme maladies professionnelles, comme les lombalgies, les troubles de l'audition, des cancers. Ainsi, seulement 413 cancers attribués à l'amiante ont été reconnus comme maladies professionnelles par le régime général en 1998, alors qu'une estimation basse de la mortalité due à l'amiante est de 1950 décès pour l'année 1996.
Mais il n'y a pas que les maladies professionnelles qui expliquent cette différence d'espérance de vie entre ouvrier et cadre. Ainsi le taux des enfants prématurés passe du simple au double si la mère est employée plutôt que cadre. Les horaires déments qu'imposent les patrons (que dire des femmes qui désormais travaillent de nuit !) pèsent sur la santé des enfants de familles populaires, et ce, même avant la naissance.
Le rapport constate aussi qu'on vit plus vieux dans le Sud que dans le Nord : ainsi les hommes du Pas-de-Calais ont une espérance de vie de 71 ans aujourd'hui, ceux qui vivent en Midi-Pyrénées de 76 ans. Cette inégalité recouvre aussi des différences sociales, des départements, comme le Nord et le Pas-de-Calais, étant aussi des départements plus ouvriers.
Les classes populaires sont en moins bonne santé que les plus privilégiées parce que des contrôles ou des soins ne sont pas entièrement pris en charge, si l'on n'a pas une mutuelle, comme les soins dentaires par exemple. Ainsi, il y a deux fois plus de caries chez les enfants d'agriculteurs ou de parents chômeurs que chez les cadres. Chez les adultes, il manque même deux fois plus de dents dans les mâchoires des adultes des classes populaires que chez les plus favorisés !
Le rapport souligne que les dépenses de santé sont élevées. Mais, même si elles l'étaient plus encore, cela ne devrait pas compter quand il s'agit de santé publique. La part des dépenses de santé restant à la charge des travailleurs est beaucoup trop lourde. Une famille ouvrière qui n'a pas d'assurances complémentaires, privées ou mutualistes, a bien du mal à faire face à certaines dépenses et du coup, parfois, renonce.
La médecine a fait des progrès considérables, et ces progrès pourraient permettre une amélioration de la santé de la population encore plus importante à l'avenir. Mais le désengagement actuel de l'Etat qui refuse par exemple, en ce moment, de donner aux hôpitaux publics les moyens qu'ils demandent, ne peut aboutir qu'à une sélection par l'argent, et donc à une inégalité croissante à l'avenir, alors que le droit à la santé pour tous impliquerait que les soins soient, en fait, complètement gratuits.