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- Lutte ouvrière n°1738
- Voir : Travail et banlieue - Regards d'artistes 1880-1980
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Voir : Travail et banlieue - Regards d'artistes 1880-1980
Au musée de l'Île-de-France, situé dans le château de Sceaux, à côté des collections permanentes, il y a en ce moment et jusqu'au 21 janvier 2002 une exposition intitulée "Travail et banlieue". On peut y voir une centaine d'oeuvres, peintures, sculptures, dessins et gravures, d'artistes généralement peu connus.
Cette exposition ne se veut pas contestatrice, elle prétend seulement montrer la métamorphose de la banlieue parisienne. On y voit cependant le monde du travail, ce qui est suffisamment rare pour être remarqué.
Tout d'abord des formes d'activité qui ont disparu : les bateaux-lavoirs pour le linge, en bord de Seine, une tannerie sur la Bièvre, des carrières de pierres à Gentilly, avec des roues à échelons atteignant douze mètres de haut, actionnées à la force des bras et des jambes, pour remonter les blocs du sous-sol. On voit l'Île Seguin avant Renault : c'était encore la campagne. Et ensuite c'est l'industrie qui se développe : briquetterie de Vaugirard, construction du métro à Issy-les-Moulineaux, gare de Saint-Denis durant l'entre-deux-guerres, cimenterie Lambert à Sartrouville, etc.
Une loi de 1810 interdisant l'implantation des établissements insalubres dans la capitale (ce qui n'a pas tout empêché !), les usines les plus polluantes sont donc en banlieue. Ainsi la manufacture de Javel, fabriquant des produits chimiques (dont l'eau de Javel), remplacée plus tard par les usines Citroën, et aujourd'hui par une ZAC ; la société des huiles Renault à Issy ; des centrales thermiques, à Vitry et à Gennevilliers, etc.
L'exposition a également les travailleurs pour sujet. La petite blanchisseuse, une lithographie de Bonnard, montre une gamine ployant sous le poids du panier de linge qu'elle livre. Certaines mairies ayant commandé des décors à des artistes, on y voit des représentations convenues, mais néanmoins intéressantes, du travail humain.
Plusieurs sculptures de Dalou (l'auteur de l'immense Triomphe de la République situé place de la Nation à Paris) représentent des paysans et des ouvriers au travail. Il projetait de réaliser un Monument aux ouvriers qui n'a connu que quelques ébauches de statues, qu'on peut voir.
Quelques gravures et peintures représentent des jardins ouvriers à Gennevilliers, les cités-jardins d'Arcueil-Cachan, de Suresnes, avec cette profession de foi paternaliste de l'un des initiateurs de ce mouvement, l'abbé Lemire, député du Nord : "Ramener l'ouvrier à la terre, combattre les méfaits de la société industrielle, assurer la paix sociale."
Un certain nombre des artistes exposés étaient (ou sont encore pour certains) engagés, et leurs oeuvres dénoncent la condition ouvrière, l'inhumanité des grands ensembles, des HLM de Gennevilliers, de Nanterre... mais il ne faut pas chercher, à une ou deux exceptions près, des oeuvres représentant les combats des travailleurs pour une vie meilleure. Dans cette exposition, ils sont "hors sujet"... Elle reste cependant intéressante.
Jean-Pierre LAROCHE
Château de Sceaux (dans un parc superbe), accès par RER Bourg-la-Reine. Tous les jours sauf mardi, de 10h à 17h. Visites guidées gratuites le dimanche à 15h. Tarifs : 22F et 15F