Les dirigeants de l'Organisation mondiale du commerce ont donc trouvé un coin où ils espèrent être tranquilles, à Doha, au Qatar, pour tenir leur sommet du 9 au 13 novembre.

Evidemment, s'installer dans la capitale d'un émirat grand comme à peine deux fois le département de Seine-et-Marne, entourée d'un désert rébarbatif de calcaire et de sel d'un côté et des eaux du golfe Persique de l'autre, présente quelques garanties. Le souvenir du précédent sommet de l'OMC, fin 1999, à Seattle, aux États-Unis, ou plus près encore, celui du G8 l'été dernier à Gênes, et les manifestations qui marquèrent et l'un et l'autre, ont incité les représentants des dirigeants du monde capitaliste à se réfugier dans un lieu plus à l'écart des perturbateurs.

Pourtant, dans cette période, se rendre dans cette région du monde n'est pas sans inconvénient. Il y aurait paraît-il parmi certaines délégations nationales des craintes et de nombreux désistements. Ainsi, la délégation américaine a fondu de moitié. Mais pour rassurer ceux qui restent, à leur arrivée à Doha, un comité d'accueil leur livrera une panoplie complète de secours : masque à gaz, médicaments, attirail radio pour communiquer avec un bâtiment américain, ancré au large du Qatar, etc. Bref, de quoi être tranquillisé...

Il y aurait quelques petites compensations pour les participants au sommet et tous les invités, journalistes, représentants des organisations non gouvernementales et autres personnalités plus ou moins officielles. Ainsi, dans ce petit pays, soumis à un régime rétrograde et traditionaliste, gouverné par un émir installé au pouvoir en juin 1995, à la suite d'un coup d'Etat approuvé par les Etats-Unis, les femmes pourront tout de même se vêtir à l'occidentale et les hommes s'alcooliser à volonté, dans les hôtels seulement et le temps du sommet.

Ainsi se dérouleront les discussions de marchands de tapis de l'OMC. Ce n'est bien sûr pas pour autant que le sommet de l'OMC se déroulera dans la bonne entente des participants et encore moins qu'il se conclura par un accord général. Dans le commerce international, la concurrence entre grandes puissances et la course au profit règnent en maîtres. Les intérêts des grandes puissances sont contradictoires et se définissent avant tout sur la base des rapports de forces.

Ce qui explique les difficultés qu'auront les représentants de ces grandes puissances pour trouver un accord et, ensuite, s'ils y arrivent, pour le mettre en pratique.