Lutte contre le terrorisme : Les chemins obscurs vers les paradis fiscaux09/11/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/11/une-1738.gif.445x577_q85_box-0%2C11%2C166%2C227_crop_detail.jpg

Dans le monde

Lutte contre le terrorisme : Les chemins obscurs vers les paradis fiscaux

Depuis les attentats de New York et de Washington, Bush a ostensiblement déclaré la guerre au "terrorisme financier". Les services de l'ONU et des Etats les plus importants, à commencer par les Etats-Unis eux-mêmes, prétendent neutraliser le milliardaire islamiste en le frappant au portefeuille. Ils ont en particulier réveillé un organisme, le GAFI (Groupe d'action financière sur le blanchiment des capitaux), créé en 1989.

Mais cette traque des capitaux du terrorisme s'est jusqu'ici révélée peu payante. En élargissant la cible non seulement à tous les organismes et institutions soupçonnés de liens avec Ben Laden ou les islamistes terroristes, mais même à un certain nombre d'Etats comme l'Afghanistan, une centaine de comptes ont pu être gelés, qui correspondent à près de 200 millions de dollars. Somme ridicule, même au vu de la fortune personnelle de Ben Laden.

Mais les quelques consignes données aux banques, dans le but de neutraliser ces fonds dits terroristes, inquiètent les financiers et certains Etats, que cela risque de déstabiliser. De grandes places financières comme Londres, Genève, Luxembourg ou Beyrouth craignent de souffrir de ces enquêtes. Car mettre au jour les finances de Ben Laden nécessiterait de rendre transparente toute la finance mondiale. Et cela, les possesseurs de capitaux d'aucun pays ne le veulent.

L'excuse donnée par certains pour justifier les lenteurs de l'enquête est que la finance terroriste se fondrait avec celle du crime organisé. Ce qui est reconnaître que le crime organisé est une activité tout à fait innocente, sur le plan financier du moins.

Des experts et des journalistes montrent du doigt les paradis fiscaux, qu'ils recensent et classent, des plus exotiques aux plus solidement établis, comme le Luxembourg et la Suisse. Mais même ces mises en cause tombent à plat : Ben Laden ne semble pas avoir placé ses fonds dans ces îles ou ces paradis fiscaux aux moeurs douteuses, mais au coeur de l'empire financier mondial, aux Etats-Unis, en Allemagne ou dans les pays du Golfe.

Les réseaux financiers sont tellement obscurs et embrouillés qu'il est presque impossible d'obtenir une certitude. Les soupçons ne sont pas confirmables et, si l'on punit sur de simples soupçons, on risque de frapper d'honnêtes financiers, qu il est bien difficile de distinguer d'honnêtes truands.

Ce que les enquêtes sur l'argent du terrorisme révèlent, c'est que cet "argent noir" n'est que de l'argent, qui n'a pas plus de couleur ni d'odeur que n'importe quel autre. Ce n'est pas que dans les grottes afghanes qu'il est difficile de débusquer Ben Laden, mais aussi sur les ordinateurs de Wall Street à New York et de la City à Londres. Même pour éradiquer le terrorisme, les grandes puissances ne sont pas prêtes à rendre totalement transparentes les places financières.

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