Les marins pêcheurs ne veulent pas sombrer09/11/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/11/une-1738.gif.445x577_q85_box-0%2C11%2C166%2C227_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Les marins pêcheurs ne veulent pas sombrer

Mardi 6 novembre, les marins pêcheurs des ports de la côte atlantique ont repris la mer. Les blocus des ports de pêche ont été levés... mais pas les difficultés et les problèmes qui sont le lot de ces travailleurs de la mer.

L'annonce de nouvelles directives européennes, qui devraient être mises en oeuvre d'ici juin prochain, a déclenché la colère des marins pêcheurs. Une nouvelle diminution des quotas de pêche, un maillage plus large des filets pour la pêche aux merlu, cabillaud et langoustine, une réduction de l'activité générale de la pêche de 40 à 50 %, telles sont les mesures que la Commission de Bruxelles voudrait imposer à toutes les entreprises de pêche artisanale côtière. Les marins pêcheurs déclarent que l'entrée en application de telles dispositions signifierait pour eux une véritable catastrophe, en amputant leurs revenus de façon insupportable. Ils contestent l'analyse de Bruxelles concernant en particulier les langoustines qui ne seraient pas menacées de disparition, défendent l'idée de ne pas augmenter le maillage des filets mais d'y prévoir une fenêtre qui laisserait passer les jeunes merlus et cabillauds, espèces en danger, refusent la baisse programmée du volume de pêche autorisée.

La situation des marins pêcheurs illustre l'aberration du fonctionnement d'une société où la production de tous les biens de consommation s'effectue pour le marché et non pour satisfaire des besoins réels. Les pêcheurs sont aujourd'hui désignés comme responsables du dépeuplement de la mer et du risque de disparition de certaines espèces. Mais pour réussir à vivre de la pêche, il faut toujours pêcher plus, rapporter la plus grosse pêche possible, et n'être même pas certain de pouvoir la vendre, et de la vendre à un prix qui permette de couvrir les besoins des équipages et de leurs familles. Concurrencés par les gros bateaux, qui pratiquent la pêche industrielle et écument les mers pour le compte de grossistes et de capitalistes de l'agro-alimentaire, les pêcheurs de la pêche artisanale sont confrontés aux aléas d'un marché qu'ils ne contrôlent absolument pas. Les mareyeurs, les conserveries, les grossistes des grandes surfaces, tous les intermédiaires décident des prix auxquels ils achètent, ou n'achètent pas, le produit de la pêche. Il est courant que le prix du poisson payé par le consommateur chez le détaillant soit quatre fois plus élevé que celui payé au pêcheur. Et la baisse de moitié du nombre de navires pratiquant la pêche artisanale entre seulement 1988 et 1993 illustre cette situation de plus en plus difficile à laquelle ils sont acculés.

Voilà qui explique les réactions des marins pêcheurs côtiers qui, du 2 au 5 novembre, ont bloqué le port de Lorient, fait grève dans tous les ports de Vendée et de Bretagne, manifesté à la préfecture de Nantes et à la sous-préfecture de Saint-Nazaire...

Mieux gérer l'environnement, pour la préservation non seulement de la mer et des poissons mais également des conditions de vie des hommes et des travailleurs, bien sûr que cela est possible. A condition qu'il soit mis fin à cette organisation économique qui ne fonctionne que pour le profit.

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