Fonderies du Poitou - Ingrandes (Vienne) : Les grandes manoeuvres continuent en toute opacité09/11/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/11/une-1738.gif.445x577_q85_box-0%2C11%2C166%2C227_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Fonderies du Poitou - Ingrandes (Vienne) : Les grandes manoeuvres continuent en toute opacité

Le 13 septembre dernier, nous avons appris que l'usine allait être coupée en deux, dans le cadre de la séparation en deux sous-holdings des activités fonte et aluminium du groupe Teksid auquel appartiennent les Fonderies du Poitou (voir LO n°1731). Un mois et demi après, et bien que les échéances se rapprochent puisqu'il semble que la coupure doive devenir effective en janvier 2002, nous ne sommes guère plus informés en ce qui concerne l'avenir de nos emplois, tandis que les patrons multiplient leurs attaques.

Pour justifier la séparation, la direction ne manque pas une occasion de souligner les différences - réelles ou supposées - entre fonte et aluminium. Ainsi, la fonte serait un marché "sur la défensive" tandis que l'aluminium serait "en expansion". La fonte nécessiterait la mise en oeuvre de moyens industriels "lourds" alors que l'aluminium se satisferait de moyens industriels en "îlots".

Inutile de dire que si les patrons voulaient non pas séparer mais fusionner deux entreprises produisant l'une de la fonte et l'autre de l'aluminium, ils vanteraient avec la même assurance la complémentarité exemplaire des deux branches.

Alors quelle est la véritable raison de la séparation ? Ce dont nous pouvons être sûrs, c'est que la préoccupation première des patrons n'est ni l'utilisation rationnelle des moyens de production, ni à fortiori le maintien des emplois.

Ce que veulent les actionnaires, c'est tirer le maximum de profits de leurs capitaux. Dans la fonte, l'aluminium ou l'automobile aujourd'hui. Dans une tout autre branche ou dans la spéculation pure et simple demain.

Il y a quelques années, les mêmes patrons assuraient qu'avec la mise en route du procédé nouveau de forgeage liquide, une ère nouvelle s'annonçait, avec la perspective d'une diversification des débouchés (nous ne produisons jusqu'à présent que pour Renault). Lors de l'entrée dans le groupe Teksid début 1999, ils n'avaient pas de mots assez ronflants pour vanter l'avenir radieux qui nous attendait au sein du leader mondial de la fonderie automobile.

Alors aujourd'hui, il faut être bien naïfs pour leur accorder la moindre confiance. Nous nous sommes usés pendant des années pour engraisser les actionnaires, nous n'avons maintenant aucune raison d'accepter d'être les sacrifiés de leurs magouilles financières et de leurs jeux boursiers !

Evoquant l'éventualité d'une vente de tout ou partie de l'entreprise, la direction écrit "qu'à sa connaissance, aucune négociation n'est en cours de finalisation". On ne saurait être plus faux-cul, car dire qu'il n'y a pas de négociation "en cours de finalisation", c'est tout de même reconnaître à demi-mot qu'il y a peut-être bien des tractations en cours. À moins même que les choses ne soient encore plus avancées, mais que la direction locale n'en ait pas été informée ! Une vente "à l'insu de son plein gré" en quelque sorte...

Quoi qu'il en soit, ce qu'on voit d'ores et déjà c'est qu'au lieu des 1 800 que nous étions en mars, nous ne sommes plus aujourd hui que 1 300. La direction avait annoncé à son de trompe début 2001 l'embauche de 240 salariés. Au lieu de quoi ce sont des centaines d'intérimaires qui ont été virés.

Après quoi la direction a décidé de nous imposer deux à trois semaines de chômage sous prétexte de l'existence d'un stock important de carters et de l'absence de commande de culasses. La première de ces semaines nous avons dû la prendre la semaine du 1er novembre sur nos congés 2001, voire même en anticipant sur ceux de 2002. Les suivantes seront au régime du chômage partiel ou des congés sans solde, c'est-à-dire qu'on veut nous imposer une amputation pure et simple de nos salaires.

Bien sûr, il n'est pas venu à l'idée de la direction de réduire le temps de travail sans diminuer les salaires pour éviter le chômage. Pas question pour ces gens-là de toucher aux profits, des actionnaires... Quant à la part des bénéfices qu'ils sont censés distibuer aux salariés, elle a disparu dans le tripatouillage des comptes, alors même que nous n'avons pourtant jamais autant produit que ces quatre dernières années, de l'aveu même de la direction.

En attaquant ainsi tous azimuts, la direction annonce clairement la couleur. A nous de nous préparer à nous défendre collectivement, que l'on soit ouvrier ou technicien, à l'aluminium ou à la fonte.

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