Le 17 octobre 1961 à Paris : Quand la police massacrait des centaines d'Algériens12/10/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/10/une-1734.gif.445x577_q85_box-0%2C11%2C166%2C227_crop_detail.jpg

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Le 17 octobre 1961 à Paris : Quand la police massacrait des centaines d'Algériens

Il y a quarante ans, le 17 octobre 1961, en plein Paris, la police se déchaînait contre des manifestants algériens, faisant plusieurs centaines de morts.

La guerre d'Algérie durait depuis près de sept ans et, depuis janvier 1961, des pourparlers entre le gouvernement de De Gaulle et le FLN étaient en cours, pourparlers qui aboutirent aux Accords d'Evian, en mars 1962. Mais la répression et les exactions policières en métropole, dont la communauté algérienne (et maghrébine dans son ensemble) était la victime, ne ralentirent pas. Cette même année 1961, naissait l'organisation d'extrême droite OAS (Organisation de l'armée secrète), qui refusait la perspective de l'indépendance de l'Algérie et trouvait de nombreux soutiens dans la police.

Le 6 octobre 1961, Maurice Papon, préfet de Police de Paris depuis 1958, instaurait un couvre-feu à l'encontre des Algériens. Entre 20 h 30 et 5 h 30, il leur était désormais interdit de circuler ; les cafés et autres "débits de boissons" tenus et fréquentés par des "Français musulmans d'Algérie" (ainsi étaient désignés les Algériens) devaient fermer à 19 heures. Cette mesure à caractère ouvertement raciste (et, pour la police, le faciès valait culpabilité) aggravait encore la situation des Algériens, rendant la vie impossible à de nombreux travailleurs.

Dénonçant le couvre-feu et appelant à le boycotter, le FLN appela la population algérienne à une manifestation pacifique (les consignes du FLN sur ce plan étaient précises et impératives), dans les rues de Paris, le mardi 17 octobre.

Ce soir-là, de toute la région parisienne, près de 40 000 personnes, hommes, femmes, enfants, vieillards, tentèrent de converger vers le centre de la capitale. Elles en furent empêchées par une police haineuse qui, pendant plusieurs heures, se déchaîna contre la foule désarmée. Les policiers de Papon matraquèrent à coups de "bidule" ou de crosse de fusil, tirèrent à balles réelles, assassinant et se débarrassant des corps dans la Seine. Plus de 11 000 hommes furent arrêtés, bastonnés dans les cars, internés dans des stades réquisitionnés pour la circonstance, enfermés dans des centres de détention improvisés. Après la chasse à l'homme, les assassinats continuèrent dans les lieux de détention et dans la cour même de la préfecture de Police de Paris, où il y aurait eu, selon des témoins, une cinquantaine de morts, ensuite jetés eux aussi à la Seine. Au total, cette répression aurait fait de 200 à 300 morts, mais officiellement, après les mensonges sur les violences attribuées aux manifestants, le silence s'abattit sur ces événements.

Quelques mois plus tard, le 8 février 1962, pour dénoncer un attentat perpétré par l'OAS et dont une petite fille fut victime, le PCF organisa une manifestation, contre laquelle Papon lança de nouveau ses mercenaires. Neuf manifestants, membres ou sympathisants du PCF, trouvèrent la mort au métro Charonne. Ces événements s'ajoutaient ainsi à ceux du 17 octobre 1961, qui restent parmi les témoignages les plus sinistres de la férocité policière dans la capitale.

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