La Poste : Un sous-effectif chronique12/10/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/10/une-1734.gif.445x577_q85_box-0%2C11%2C166%2C227_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

La Poste : Un sous-effectif chronique

Depuis des années, dans les services publics, les gouvernements successifs, de droite comme de gauche, mènent une politique de réduction des coûts. Cela se caractérise par une diminution drastique des effectifs, qui se traduit par un manque de personnel chronique dans les hôpitaux, dans l'Education nationale, à La Poste.

Les conditions de travail et le service rendu ne cessent de se détériorer. Ainsi à La Poste, la situation s'est dégradée au fil des années pour devenir critique ces derniers mois.

Par exemple, il n'y a plus qu'une tournée de distribution du courrier à Paris dans la plupart des arrondissements, alors qu'il y a encore quelques années il y en avait trois, dont une l'après-midi. De nombreuses boîtes à lettres ne sont plus relevées qu'une fois par jour, et à 16 heures.

Dans la plupart des bureaux de poste, parmi les facteurs, les agents de tri, les guichetiers... il manque du personnel. Les départs à la retraite, les mutations, les congés maternité ou longue maladie, les départs en vacances ne sont pas remplacés ou ne le sont que partiellement. L'été, La Poste fait de moins en moins appel à des étudiants saisonniers et dans l'année elle recrute au compte-gouttes des contractuels, qu'elle embauche en CDI parfois mais souvent en CDD, puis qu'elle "jette" selon sa volonté.

La direction de La Poste veut réduire ses effectifs, notamment de fonctionnaires. Ainsi, ces deux dernières années, 20 000 postiers sont partis à la retraite. Or La Poste n'a organisé que deux concours de recrutement de facteurs, soit 6 000 postes proposés. Aucun concours de guichetiers n'a été organisé depuis longtemps. Et la situation ne risque pas de s'améliorer puisque, d'ici à 2009, 100 000 départs de postiers à la retraite sont prévus.

Mais alors, comment tout cela peut-il fonctionner ?

Mal. Nombre d'usagers s'en rendent compte et, en même temps que les postiers, en subissent les conséquences. Cet été par exemple, des petits bureaux de poste de province n'ont été ouverts que quelques jours, voire quelques heures par semaine. Dans la banlieue parisienne, comme à Colombes dans les Hauts-de-Seine, un bureau situé dans un quartier populaire fortement peuplé n'a été ouvert qu'à temps partiel. Dans un autre quartier, le courrier n'a pas été distribué pendant une semaine en août, car le facteur en vacances n'a pas été remplacé.

Depuis le début du mois de septembre, la situation ne s'est pas améliorée. Bien au contraire. Dans la plupart des grands bureaux parisiens, comme Paris 8, Paris 9, Paris 16, Paris 17, Paris 14... et dans les grandes villes de province comme Lyon RP, Bordeaux... il y a un manque flagrant de personnel. Mais plutôt que d'embaucher, La Poste fait appel à des "califs", nom que l'on donne à La Poste aux heures supplémentaires.

A Paris 16, à la Piétonne, service qui assure le tri et la distribution du courrier, il ne se passe pas un seul jour sans qu'il y ait des positions "à découvert", c'est-à-dire sans facteur. On se retrouve à trois par quartier, au lieu de quatre, pour faire le travail. A cause de cette surcharge de travail, toute une partie du courrier ou des recommandés reste au bureau et n'est distribuée que le lendemain. Dans certains halls d'immeubles on peut voir des affichettes, mises visiblement par des gardiens excédés, dénonçant le manque de personnel et les retards dans la distribution du courrier, voire même l'absence de distribution, et donnant l'adresse de la direction régionale de La Poste pour envoyer les réclamations.

Le service relevage, qui assure la levée des boîtes aux lettres et du courrier des entreprises, est aussi en sous-effectif. Chaque jour, certaines boîtes ne sont relevées qu'une seule fois dans la journée, au lieu de deux à trois fois. Seules les sociétés qui ont souscrit un contrat payant de relevage à domicile sont prioritaires. Tout est fait pour que leur courrier soit relevé chaque jour, manque de personnel ou pas. Tout cela a des répercussions sur nos conditions de travail : surcharge de travail, stress, pressions de certains responsables pour qu'on fasse plus que notre travail pour compenser le sous-effectif.

Un certain mécontentement commence à s'exprimer parmi le personnel et parmi les usagers, et il n'est pas dit que les uns et les autres acceptent cette situation indéfiniment sans réagir !

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