Au Parlement européen de Strasbourg : Les députés marchent au pas...12/10/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/10/une-1734.gif.445x577_q85_box-0%2C11%2C166%2C227_crop_detail.jpg

Dans le monde

Au Parlement européen de Strasbourg : Les députés marchent au pas...

Le Parlement européen avait jugé bon de placer la tragédie de Toulouse en tête de sa première session d'octobre. Mais il faut croire que celle-ci n'affectait pas outre mesure ces messieurs-dames : c'est devant une vingtaine de députés (sur 625 !) qu'Arlette Laguiller puis Alain Krivine ont pris la parole pour réaffirmer que "la responsabilité du trust TotalFinaElf (y) est entière".

Ce qui a mobilisé le Parlement européen, c'est la "lutte contre le terrorisme international", censée répondre aux attentats du 11 septembre aux Etats-Unis, par les mesures, militaires, policières et financières, que prônent le gouvernement américain et ses alliés occidentaux. Et il faut noter que certains orateurs en ont profité, à Strasbourg, pour donner libre cours à leur xénophobie et à leur haine des pauvres, en assimilant terrorisme et immigration, sans que cela suscite de réactions parmi la majorité de leurs auditeurs.

Sur le terrain du soutien aux Etats impérialistes, la quasi-unanimité sécuritaire et va-t-en-guerre des élus européens n'était pas sans rappeler celles que l'on avait connues lors de la guerre du Golfe et lors de l'intervention de l'OTAN contre la Serbie, puisqu'elle s'est réalisée de la droite à la gauche et aux Verts.

Les trois députées de Lutte Ouvrière ont bien sûr voté contre les divers textes sur le sujet, tous de la même eau, qui étaient mis aux voix. "En réaffirmant notre opposition totale aux méthodes terroristes comme aux objectifs réactionnaires poursuivis par les courants responsables de ces actes, ont-elles dit, nous refusons de nous associer (aux) responsables politiques des grandes puissances impérialistes (qui veulent) canaliser la légitime émotion soulevée par les attentats de New York au service d'une politique destinée seulement à assurer leur domination sur le monde, et nullement à préserver les intérêts et la sécurité des peuples.

Nous refusons toute initiative même partielle qui va dans le sens d'opérations militaires qui feront inévitablement des victimes dans des populations qui ne sont pour rien dans le terrorisme (...).

Nous protestons contre les mesures restreignant les libertés individuelles auxquelles ce climat guerrier donne lieu. Quant à la lutte contre le financement des groupes terroristes (...) les tergiversations et les mesures" des gouvernements, "aussi limitées qu'inefficaces en la matière, prouvent seulement" qu'ils préfèrent "s'accommoder de l'argent du terrorisme comme de la drogue et du crime organisé, plutôt que d'assurer une transparence totale qui risque de dévoiler les multiples trafics et ignominies du système capitaliste et le gaspillage considérable qu'il coûte à la société."

Pour le reste de l'ordre du jour de la session, nous avons voté un rapport sur "la procédure d'asile commune", dans la mesure où il préconise certains progrès en la matière. En revanche, nous avons voté contre le rapport Pirker qui justifie la pratique des quotas d'immigration en fonction des seuls intérêts du patronat des pays concernés.

Les mêmes intérêts, et d'abord ceux des grands groupes capitalistes, se trouvent au coeur du projet européen Galileo de radionavigation satellitaire, lancé voici quelques années, sur lequel était présenté un rapport durant cette session. Concurrent du GPS américain, Galileo est présenté comme devant permettre des progrès en matière de contrôle et de gestion des transports terrestres, maritimes et aériens. Mais il est déjà source de profit pour des groupes, dont Alcatel, spécialisés dans le domaine de l'espace et des télécommunications. Des profits portés à bout de bras par un financement public européen (près de deux milliards d'euros, soit treize milliards de francs, ont déjà été budgétisés). Alors que "les flux de revenus (...) tirés de tous les services fournis par Galileo" reviendront au privé, auquel on remettra la gestion de ce programme quand il sera opérationnel, les investisseurs privés se font tirer l'oreille pour participer même faiblement à la phase finale du financement de Galileo, reconnaît le rapporteur du projet. Ils invoquent "un risque commercial", dit-il, et attendent "un signal positif des autorités politiques" de l'Europe. Autrement dit, qu'elles prennent à leur charge toutes les dépenses en leur laissant le seul souci d'en récolter les profits.

"Si les autorités européennes se gargarisent des prétendus mérites de l'initiative privée, les capitalistes, eux, ne se paient pas de mots. Ils veulent des profits assurés, sans risque, et savent pouvoir compter, pour leur offrir cela, sur les autorités tant européennes que nationales", ont déclaré les élues européennes de Lutte Ouvrière en expliquant avoir voté contre ce rapport.

Celles-ci ont, malgré ses insuffisances, voté un rapport sur l'accélération de la lutte contre les principales maladies transmissibles, en raison du constat réaliste qu'il dresse de la situation catastrophique dans les pays pauvres et en raison des quelques mesures, certes limitées mais positives, qu'il propose. Affirmant qu'il est "révoltant que trois (de ces) maladies (que l'on sait soigner, et en tout cas prendre en charge) puissent tuer, dans les pays pauvres, cinq millions de personnes par an, et dix mille personnes par jour sur le seul continent africain et que, de surcroît, le nombre des victimes soit en augmentation, Arlette Laguiller a, en séance plénière, souligné que la cause de cette situation est simple : la fabrication des médicaments est monopolisée par les grands trusts pharmaceutiques dont la préoccupation n'est pas la santé publique mais le profit. (...) Ce serait la moindre des choses de (leur imposer de) fabriquer les médicaments concernant les maladies dont le rapport affirme qu'elles sont "négligées par l'industrie" car pas assez rentables. (Cela, sans que l'on se borne à exiger de ces trusts qu'ils réduisent leurs prix car), pour des millions de personnes dans les pays pauvres, seule la gratuité de certains médicaments, comme ceux contre le paludisme, pourrait permettre d'accéder à un minimum de soins.(...)

Qu'il soit dit cependant, à l'intention des défenseurs de l'économie de marché et du capitalisme, que le seul fait que cette économie soit organiquement incapable d'assurer des soins élémentaires et la nourriture quotidienne à une partie importante de l'humanité, en ce xxie siècle disposant de possibilités scientifiques et matérielles comme jamais, la condamne irrémédiablement."

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