Tout en annonçant l'intervention militaire en Afghanistan, Bush a déclaré que les Etats-Unis continueraient à distribuer une "aide humanitaire". Comme si son gouvernement se préoccupait du sort de la population sur laquelle il envoie des bombes !

Le 4 octobre, il avait chiffré à 320 millions de dollars les crédits "humanitaires". Le lendemain, un projet de loi déposé au Congrès américain prévoyait de débloquer jusqu'à 300 millions de dollars, mais cette fois comme aide militaire aux "organisations de résistance afghane qui combattent pour renverser les taliban". Ainsi, la première puissance américaine sortait d'une poche 16 dollars par habitant (environ 110 francs) d'aide humanitaire tandis que de l'autre elle déboursait de quoi équiper 12 000 à 15 000 combattants de l'Alliance du Nord, qui se pose en rivale des taliban pour imposer sa dictature à la population.

Ce procédé est monnaie courante pour l'impérialisme américain ; il l'avait déjà appliqué notamment aux moudjahidines afghans (ancêtres des taliban) qu'il soutenait contre les troupes soviétiques. En 1990 encore, les 70 millions de dollars d'aide humanitaire américaine aux moudjahidines étaient volontiers mis en avant pendant que beaucoup plus discrètement, près de 300 millions de dollars leur étaient fournis en aide militaire.

Déjà, dans ce que certains appellent l'intervention "militaro-humanitaire", le côté duquel penchait la balance était visible. Et encore, c'était quelques jours avant le déclenchement des opérations militaires ouvertes. Maintenant, les bombardements, avec leur lot de morts, de blessés, de nouvelles vagues de réfugiés vont entraîner de nouvelles souffrances pour la population afghane. Seulement, Bush voudrait étouffer le cri des victimes en faisant croire qu'il se soucie de la population. "Malgré notre ferme opposition au régime des taliban, nous sommes des amis du peuple afghan", a-t-il déclaré.

Mais, depuis quand l'impérialisme américain agit-il en "ami des peuples" ? Actuellement encore, la population irakienne subit de plein fouet toute l'inhumanité de l'impérialisme. Ceux qui ne sont pas morts dans les bombardements, qui d'ailleurs continuent encore, sont victimes, par centaines de milliers, de la malnutrition et du manque de médicaments engendrés par le blocus économique.