Vivendi, patron et mauvais payeur05/10/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/10/une-1733.gif.445x577_q85_box-0%2C11%2C166%2C227_crop_detail.jpg

Leur société

Vivendi, patron et mauvais payeur

SFR, filiale du groupe Vivendi Universal, a refusé de verser les 619 millions d'euros (4 milliards de francs) qu'il doit à l'Etat, au titre de la première tranche de sa licence UMTS (téléphonie mobile du futur). Ce premier versement, qui devrait être suivi d'un autre en décembre et de quatre autres en 2002, représente un huitième du coût total de cette licence, fixé à 4,95 milliards d'euros (32,5 milliards de francs).

Par ce coup de force, le groupe de Jean-Marie Messier voudrait obliger le gouvernement à renégocier le tarif de cette licence et le calendrier des versements, que sa filiale SFR avait pourtant acceptés en toute connaissance de cause lors des tractations entre le gouvernement et les opérateurs téléphoniques, au printemps 2000. Cet accord avait même été confirmé en juillet dernier.

Avec aplomb, Messier explique maintenant que des "changements majeurs (sont) intervenus, tant depuis la fixation du prix de la licence que depuis son attribution en juillet dernier, (qui) compromettent le calendrier de la mise en oeuvre effective des licences".

En réalité, lorsque le gouvernement a mis en vente les licences UMTS, les opérateurs téléphoniques vivaient dans l'euphorie. En France, mais aussi en Allemagne et en Grande-Bretagne, certains d'entre eux étaient prêts à payer le prix fort pour se mettre sur les rangs. Or depuis, les perspectives de croissance dans le secteur de la téléphonie mobile ne sont plus aussi bonnes et la mise en oeuvre des portables dits de troisième génération pourrait prendre plusieurs années avant d'être vraiment rentable.

Mauvais joueur, le groupe de Messier cherche donc à renégocier le prix convenu avec le gouvernement français en tentant un coup de force.

Reste à savoir quelle sera la réaction du gouvernement, qui a déjà intégré ces recettes dans son prochain budget. Aura-t-il recours aux huissiers et à la justice pour contraindre Vivendi à honorer ses engagements, comme il a coutume de le faire avec les petits contribuables qui ne paient pas leurs impôts, et comme SFR ne se prive pas de le faire avec ses clients, même lorsque des "changements majeurs" les mettent dans l'impossibilité de régler leurs factures ?

En tout cas, si Messier a tenté ce coup de force, c'est qu'il sait le gouvernement sensible aux arguments du patronat. Et s'il obtient une ristourne ou des aménagements avantageux, ce sera toujours ça de plus à distribuer à ses actionnaires.

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