Réouverture du tunnel du Mont-Blanc : Toujours l'insécurité et les nuisances05/10/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/10/une-1733.gif.445x577_q85_box-0%2C11%2C166%2C227_crop_detail.jpg

Leur société

Réouverture du tunnel du Mont-Blanc : Toujours l'insécurité et les nuisances

Jean-Claude Gayssot, ministre des Transports, a organisé le 2 octobre une table ronde pour discuter des conditions de réouverture du tunnel routier du Mont-Blanc. Il s'y est heurté à une forte opposition des représentants des riverains qui ne se satisfont pas d'une simple amélioration de la sécurité, mais qui ne veulent tout simplement plus des camions. Pour eux le tunnel devrait être réservé aux voitures.

La catastrophe qui a coûté la vie à 39 personnes était due à des négligences sur la sécurité pour des raisons d'économies. Un chauffeur routier britannique vient même d'affirmer qu'au moment de l'accident il n'y avait personne au poste de régulation d'une des entrées, ce qui expliquerait que la circulation n'ait pas été immédiatement stoppée.

Le tunnel nouvelle version a subi d'importantes améliorations : il y en a eu pour deux milliards de francs de travaux, avec un accroissement des refuges et "niches de sécurité", des conduits de désenfumage, des postes d'incendie, une amélioration de la signalisation et du système de commande et de détection, etc. Tout cela donne d'ailleurs la mesure de ce qui faisait défaut auparavant.

Cependant, même mieux sécurisé, ce tunnel reste dangereux, ne serait-ce qu'à cause de sa conception avec un seul tube, ce qui permet les collisions face à face, et non pas deux tubes séparés avec un sens aller et un autre retour. En outre une des galeries d'amenée d'air a été reconvertie en galerie d'évacuation (largeur 1,40 m ce qui est très faible). C'est certainement mieux qu'avant, mais cela reste un peu du bricolage.

Mais aujourd'hui, ce qui est surtout en cause c'est le refus des riverains, confirmé par référendum cet été, de ne plus voir des camions dans la vallée elle-même. Ils en ont assez d'habiter en bordure d'une grande voie de circulation avec tout ce que cela entraîne de bruit, de pollution et de risques d'accidents.

La seule façon d'éviter les camions dans la vallée de Chamonix (et dans d'autres d'ailleurs qui subissent de semblables nuisances) serait de mettre les camions sur des wagons et de les transporter ainsi pour traverser les Alpes. C'est le ferroutage, comme il existe et fonctionne très bien en Suisse. Le ferroutage a été le thème de nombre de discours, de rapports, et de promesses des autorités. Mais pas du moindre commencement de début de réalisation. Au contraire, des industriels se déclarant intéressés se sont heurtés à la mauvaise volonté de la SNCF. Et l'an dernier, si tous les postes du trafic voyageur sont en hausse, le fret, lui, a diminué de 5,8 % ! La SNCF abandonne manifestement le transport des marchandises aux camions. Et l'ancien cheminot Jean-Claude Gayssot est devenu aux yeux de tous le ministre des transporteurs routiers (des patrons, pas des salariés !).

Et pourtant les patrons routiers qui ne bondissent pas d'enthousiasme à la perspective du ferroutage, lequel risque d'augmenter leurs tarifs, pourraient finir par y venir. Car la montée au Mont-Blanc met les camions à rude épreuve, et le transport par rail permettrait aux conducteurs de dormir pendant le voyage. Seulement pour réaliser le ferroutage il faudrait consentir des investissements : des wagons spéciaux, des rampes de chargement et de déchargement côtés français et italien, sans doute aussi des augmentations du gabarit de certains tunnels ferroviaires. Et pour le moment la SNCF estime que le plus urgent est de développer les TGV. Pour le reste on verra plus tard.

Un grand projet, sans date arrêtée, de liaison Lyon-Turin (52 km de tunnel et 70 milliards de francs de travaux) est envisagé. Mais en attendant ce futur hypothétique, il n'y a rien de fait, et rien eu depuis que Gayssot occupe son poste.

Ministre PCF ou pas, les priorités du gouvernement socialiste ne sont pas là.

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