Moulinex - Saint-Lô Manche : Les travailleurs en colère05/10/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/10/une-1733.gif.445x577_q85_box-0%2C11%2C166%2C227_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Moulinex - Saint-Lô Manche : Les travailleurs en colère

Depuis le 13 septembre, l'usine Moulinex de Saint-Lô (Manche) a arrêté toute production. Seul le personnel administratif est resté jusqu'au 1er octobre. Ce sont donc 720 salariés qui aujourd'hui se retrouvent dehors, sans connaître l'avenir qui les attend. A l'annonce du dépôt de bilan, c'était le coup de massue, le monde qui s'arrêtait pour bien des travailleurs qui ont cru dans un premier temps que les plans de restructuration ne les concernaient pas, puis qu'ils auraient six mois de répit. Mais c'était aussi la colère, colère que les travailleurs comptent bien continuer à faire entendre.

L'annonce d'une reprise partielle par SEB ne pouvait pas calmer l'inquiétude : 40 % de reprise, c'est 60 % des travailleurs laissés sur le carreau ; la reprise du "petit électroménager", c'est forcément des coupes sombres dans toutes les usines qui ne seraient pas fermées.

La mobilisation commencée avant les vacances d'été avec les travailleurs des autres Moulinex continue donc. Après la manifestation du 21 septembre à Caen, d'autres actions ont suivi. Le 25 septembre, à Saint-Lô, les travailleurs occupaient les ronds-points pour s'adresser à la population et la sensibiliser sur le sort non seulement des travailleurs de Moulinex, mais de tous ceux des entreprises de sous-traitance qui, faute de paiement de Moulinex, ont déposé le bilan (la chute de Moulinex sur le bassin saint-lois entraînerait la perte de 2 500 emplois induits). Le 26 septembre, une manifestation s'est dirigée vers la préfecture pour que les salariés puissent toucher la totalité de leur salaire et le samedi 29, après avoir appelé l'ensemble des travailleurs de Saint-Lô, quelque 700 manifestants se sont rendus à la préfecture. Chemin faisant ils se sont arrêtés dans deux agences bancaires (Crédit Lyonnais et Société Générale) pour les inonder, au bruit des pétards, de coupons dollars "puisque les banques en veulent toujours plus", voulant souligner ainsi la part de responsabilité des banques qui se sont largement servies au passage, toutes ces années, et qui maintenant refusent de débloquer des fonds.

Aujourd'hui, les travailleurs n'ont reçu comme certitude que de toucher intégralement leur salaire de septembre et octobre. Peu de monde se fait des illusions quant à l'issue de la réunion du Comité central d'entreprise du mardi 2 octobre concernant les propositions d'offres de reprise, et un appel à manifester à Matignon le vendredi 5 octobre pour interpeller Jospin a été lancé par l'intersyndicale. En attendant, les permanences pour lutter contre l'isolement dans lequel risquent de se retrouver les travailleurs (chez eux depuis le 13 septembre), les réseaux de contact continuent à se mettre en place, car nombreux sont ceux qui comptent ne pas en rester là.

Partager