Moulinex - Brandt : Monopoly et cache-cache… avec les emplois des travailleurs05/10/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/10/une-1733.gif.445x577_q85_box-0%2C11%2C166%2C227_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Moulinex - Brandt : Monopoly et cache-cache… avec les emplois des travailleurs

Tout juste avant que n'expire le délai de dépôt des offres de reprise de Moulinex-Brandt, mis en redressement judiciaire, la société SEB a fait des propositions. Alors que le délai était dépassé, l'entreprise néerlandaise Philips s'est mise à son tour sur les rangs. Elle espère que son offre sera malgré tout acceptée. Tels sont les derniers épisodes de cette triste série à rebondissements où l'on joue avec les nerfs et les emplois de près de 21 000 salariés, en France et dans le monde.

Hypothétiques charcutages et marchandages vont ainsi bon train. Ils ne concernent pour l'instant que la partie Moulinex, rien n'étant encore envisagé pour les productions Brandt. SEB déclare ne vouloir reprendre qu'une partie des effectifs, des productions et des entreprises. 4 240 emplois seraient maintenus (jusqu'à quand ?), 4 600 personnes resteraient sur le carreau. Quant à Philips, il ne s'intéresserait qu'aux productions liées à la marque Krups.

Le gouvernement s'est empressé de prendre pour argent comptant ces propositions et espère bien en finir de cette façon. Jospin a déclaré : "Dès que le tribunal de commerce aura choisi un plan de reprise, nous nous attellerons, avec les collectivités locales concernées, à un plan de reconversion des sites, des bassins, en veillant d'abord à la situation des salariés" ! En écho, son secrétaire d'Etat à l'Industrie, Pierret, en est également à évoquer des "plans de reconversion (...) et de réindustrialisation des sites" avec pour "objectif de ne laisser pratiquement personne sur le chemin". Il estime que la reprise d'un tiers de Moulinex par SEB est "une solution industrielle française durable".

Le secrétaire national du PCF Robert Hue stigmatise "l'attitude des banques qui ont gelé le paiement des fournisseurs de Moulinex" et la secrétaire fédérale du Calvados du PCF estime "que le gouvernement de la gauche plurielle ne peut et ne doit s'identifier et accepter une telle logique financière". L'ennui justement pour les travailleurs de Moulinex-Brandt, c'est que Jospin, Pierret et le gouvernement de la gauche plurielle acceptent cette logique et s'inclinent devant les banques.

Comment, comme le prône Robert Hue, peut-on "suspendre le processus et réimpliquer tous les intéressés, notamment les banques, dans la recherche d'une solution globale, garantissant l'emploi et l'avenir de l'électronique" sans contraindre ces banques de le faire ? Pourtant la moindre des choses serait qu'elles et les autres actionnaires qui ont fait de bonnes affaires sur le dos des travailleurs mettent la main à la poche pour le maintien de tous les emplois.

Il y a encore aujourd'hui d'énormes besoins non satisfaits, y compris en matière d'électroménager. On risque, comme à Cormelles-le-Royal, de détruire des installations modernes et récentes. Que signifie réindustrialiser quand les industries qui ne demandent qu'à fonctionner sont là ?

Comme le criaient des manifestants le samedi 29 septembre à Caen : "Pour Moulinex, pour l'emploi, les banquiers il faut les mettre au pas", et pas seulement faire des gestes incantatoires pour qu'ils obtempèrent.

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