Lyon, dans le couloir de la chimie : Les économies sur la sécurité augmentent les risques05/10/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/10/une-1733.gif.445x577_q85_box-0%2C11%2C166%2C227_crop_detail.jpg

Leur société

Lyon, dans le couloir de la chimie : Les économies sur la sécurité augmentent les risques

Dans la région lyonnaise, les usines chimiques dangereuses sont nombreuses. Mais le risque est encore plus important dans le "couloir de la chimie", que les habitants appellent le "couloir de la mort", où une douzaine d'usines à haut risque sont concentrées sur quelques kilomètres, du sud de Lyon à Feyzin.

Les accidents ont été nombreux dans le passé : incendies à la raffinerie de Feyzin en 1966 et au port Edouard-Herriot en 1987, explosion à l'usine Givaudan en 1979 (fabrique de parfums située au milieu du quartier HLM des Etats-Unis à Lyon), qui avait fait un mort et fait sauter toutes les vitres du quartier, fuite d'acroléine à l'usine ATOFINA de Pierre-Bénite, il y a une vingtaine d'années, qui avait entraîné l'évacuation des quartiers les plus proches, pour ne parler que des plus graves.

Les habitations sont partout très proches, séparées des usines par une voie ferrée comme à Saint-Fons, les autoroutes qui longent les usines des deux côtés du Rhône sont saturées.

Mais tous ces accidents n'empêchent pas les entreprises de continuer à faire des économies sur la sécurité, ce que la CGT-chimie a choisi de dénoncer largement aux médias. Partout, le personnel a été réduit, le recours à des intérimaires insuffisamment formés est systématique et, pour les entreprises extérieures qui interviennent, la formation se limite souvent à une cassette vidéo d'une ou deux heures.

Les arrêts de maintenance sont soit espacés dans le temps, soit réduits en durée, ce qui rend les installations moins sûres et entraîne des réparations plus fréquentes. A Rhodia, en quelques années, les investissements de maintenance ont été divisés par deux.

A la raffinerie de Feyzin, après l'accident de 1966, une équipe de pompiers professionnels de l'entreprise avait été créée. Ils effectuaient environ 200 interventions par an. Mais en 1999, Elf a trouvé que cela lui coûtait trop cher. La direction de la raffinerie a obtenu du préfet (qui est le responsable de la sécurité au niveau du département !) un arrêté l'autorisant à transférer progressivement les pompiers à la production. Malgré une grève de trois mois de ces derniers, la direction n'a pas cédé. Aujourd'hui, ils ne sont plus que 18 pompiers permanents contre 27 auparavant. Les autres assurent aussi d'autres tâches, ce qui augmente les délais d'intervention, et donc les risques.

Mais les usines Rhodia, elles aussi, diminuent le nombre de pompiers permanents, comme à Roussillon, où ils sont passés de 7 à 3. Et si leurs effectifs n'ont pas baissé à ATOFINA, c'est grâce aux réactions des salariés.

Il existe aussi à Lyon des pompiers spécialisés dans les risques chimiques. Mais eux aussi tirent la sonnette d'alarme car leurs effectifs, comme ceux de l'ensemble des pompiers, sont insuffisants et, avec le passage aux 35 heures, les horaires qu'on veut leur imposer vont encore aggraver la situation.

Aussi, l'accident de Toulouse a-t-il ravivé les inquiétudes de la population et des salariés de la chimie, malgré les déclarations rassurantes de certains maires et des directeurs d'entreprises. Mais leurs propos seraient bien plus crédibles si ces derniers faisaient passer la sécurité avant les profits.

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