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Leur société
Le procès de Dominique Strauss-Kahn : Entre gens du même monde…
Dominique Strauss-Kahn, ex-ministre de l'Economie du gouvernement Jospin, comparaît depuis lundi 1er octobre devant le tribunal correctionnel.
Poursuivi dans le dossier de la MNEF, il lui est reproché d'avoir fabriqué et produit quatre faux documents pour justifier la réalité d'un travail de conseil facturé 603 000 F à la mutuelle étudiante. Il a donc été mis en examen pour "faux et usage de faux". C'est cette affaire qui l'avait conduit à démissionner en novembre 1999.
La défense de l'ancien ministre est somme toute assez simple. Les "faux" ne sont que "des régularisations administratives réalisées après coup". Quant à la "réalité" de son travail, elle n'est même plus mise en doute, même s'il n'en reste aucune trace...
Dès mardi 2 octobre, à l'audience, la juge annonçait la couleur en expliquant au procureur qu'elle estimait que le dossier était léger comme une plume. L'audience a disséqué le travail de l'ex-ministre, celui de "facilitateur". Il s'agissait de faciliter, entre 1994 et 1996, l'entrée de la Compagnie Générale des Eaux (l'ex-CGE, devenue aujourd'hui Vivendi) dans le capital d'une filiale immobilière de la Mnef.
La forme de ce travail ? Quelques réunions, quelques interventions. Le tout rémunéré 600 000 F. Cela peut sembler cher le carnet d'adresses de ce politicien, mais il paraît que c'est le tarif banal de ce genre de... "travail" ; un travail dont la réalité n'est apparemment mise en doute que par ceux qui, au sein de l'opinion publique, travaillent dur pour un salaire de misère.
Bref, on nous demande de gober que les timides qui dirigent la pieuvre Vivendi, ce monstre de l'eau dont l'empire ne cesse de s'agrandir, avaient besoin de DSK pour s'introduire auprès de la MNEF. Et à timide, timide et demi, Strauss-Kahn lui s'est pris les pieds dans des justificatifs post-datés.
Et si les charges finalement retenues, les "faux", fondent comme neige au soleil, ce qui semblait être le cas mardi 2, l'ex-ministre devrait sortir indemme de ce tribunal correctionnel.
Et comme il a déjà bénéficié d'un non-lieu pour sa secrétaire rémunérée par Elf (le "facilitateur" était multicarte !), et que le dossier du soupçon de coup de pouce fiscal donné au couturier Lagerfeld a été classé sans suite, l'avenir pourrait redevenir radieux pour cet ex-ministre qui vient de se faire élire député de Sarcelles.
On retiendra de cette affaire que dans le monde merveilleux du capitalisme, le travail du politicien, même "socialiste", est d'aider les grandes entreprises à trouver de nouveaux gisements de profits, peut-être leur obtenir des fleurs sur le plan fiscal. En échange de quoi, ce précieux serviteur des riches obtient table ouverte, argent de poche et du personnel qu'il n'a pas à rémunérer lui-même. Et s'il est promis à un "grand avenir", c'est-à-dire ministrable, tout cela se poursuit, mais à une autre échelle.
Le mal qu'ont les classes riches à trouver du personnel de maison compétent est légendaire. On comprend que dans ces conditions le système fasse preuve à l'égard d'un commis qui donnait toute satisfaction de mansuétude. En échange de quoi, on ne doute pas qu'il saura renvoyer l'ascenseur.