Israël – Palestine : Fausses négociations et vraie guerre05/10/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/10/une-1733.gif.445x577_q85_box-0%2C11%2C166%2C227_crop_detail.jpg

Dans le monde

Israël – Palestine : Fausses négociations et vraie guerre

Le ministre israélien des Affaires étrangères, Shimon Pérès, a accusé le chef d'état-major de sa propre armée de vouloir assassiner Arafat, le dirigeant palestinien avec lequel il tente vainement de discuter depuis le 26 septembre.

"Supposons, a-t-il déclaré, que nous le liquidions, que se passera-t-il après ? Nous aurions affaire au Hamas, au Djihad islamique et au Hezbollah". En fait, depuis le début des discussions, l'armée israélienne a redoublé ses provocations à l'égard des Palestiniens. Il y a rarement eu autant de victimes en si peu de temps : vingt morts palestiniens du 26 septembre au 2 octobre. Ce qui permet à la droite israélienne, proche de Sharon, de prétexter que le calme ne règnant pas, la pseudo-négociation n'a pas lieu d'être.

En réalité, cette négociation, les dirigeants n'en ont jamais voulu, excepté le "travailliste" Pérès qui sert de caution de gauche à ce gouvernement ultra-réactionnaire. Si un semblant de rencontre a finalement eu lieu, c'est uniquement parce que les dirigeants des Etats-Unis l'ont exigé. Non pas pour régler d'une façon ou d'une autre le problème palestinien - c'est le cadet de leurs soucis - mais pour mettre ce conflit entre parenthèses le temps de régler un autre conflit, celui qui les oppose aux Afghans et autres complices ou commanditaires supposés des récents attentats de New York et Washington.

Les dirigeants américains, qui cherchent à s'appuyer sur un certain nombre d'Etats arabes dans leur "croisade" contre les "terroristes", voudraient bien faire oublier, au moins pour quelque temps, que les Etats-Unis sont le plus ferme soutien d'Israël, lequel massacre sans vergogne les Palestiniens.

Sharon a donc accepté de laisser Pérès rencontrer Arafat, mais il fait ce qu'il faut pour que l'armée sabote tout début de négociation. Sharon est orfèvre en la matière, lui qui en tant que chef d'état-major avait pratiquement mis le pouvoir politique devant le fait accompli de l'invasion du Liban par l'armée d'Israël.

Pendant ce temps, Arafat cherche à démontrer en pure perte qu'il est, lui, toujours prêt à négocier. Mais il ne fait que se déconsidèrer un peu plus et renforcer le sentiment des Palestiniens que discuter avec les Israéliens n'a aucun sens.

Cela fait des années qu'Arafat négocie avec les représentants d'Israël, Netanyahou, Barak et aujourd'hui Pérès. Ceux-ci n'ont cessé de le lanterner. De ce point de vue, au bout du compte Sharon et Pérès se partagent aujourd'hui le travail.

Que se passerait-il si Arafat venait à disparaître, assassiné ou autrement ? L'extrême droite israélienne ne serait peut-être pas fâchée que ce soit le Hamas, le Djihad ou le Hezbollah qui prenne sa succession. L'armée israélienne et les colons pourraient encore plus ouvertement qu'aujourd'hui "tirer dans le tas" des Palestiniens, ce que déjà ils se gênent à peine pour faire.

Sharon et la droite israélienne au pouvoir, après le gouvernement travailliste de Barak, enfoncent toujours un peu plus leur pays dans cette impasse sanglante qui a fait de l'Etat d'Israël, censé protéger les Juifs, un des pires oppresseurs de la planète ; tout en sacrifiant la sécurité des Israéliens eux-mêmes, car jamais ils n'ont compté autant de victimes que depuis que Sharon est au pouvoir !

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