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Leur société
AZF Toulouse - Dans les cités environnantes : Les habitants face aux difficultés
Le vaste ensemble de logements du Mirail à Toulouse a été fortement touché par l'explosion de l'usine AZF. Dans la désorganisation générale consécutive à l'explosion, ce sont évidemment les quartiers populaires qui ont été secourus les derniers. Si on prend l'exemple de la Cité du Parc, une population à majorité immigrée, qui jouxte le Mirail du côté de l'usine AZF, les pompiers sont arrivés vers 15 h, soit cinq heures après la catastrophe. Les blessés les plus graves ont dû se débrouiller seuls pour atteindre un centre hospitalier dans un dédale d'embouteillages.
Aujourd'hui, la mairie a interdit d'habitation le bâtiment B qui compte 108 appartements, dont une grande partie de copropriétés. Les habitants qui ont été évacués par les CRS vers les centres de loisirs de la mairie y sont toujours. Par contre à peu près deux tiers des 180 autres appartements ont été réoccupés par leurs habitants, dans des conditions très précaires, sans fenêtres, et dans l'angoisse d'un effondrement.
Reloger les familles évacuées
Les autorités ont mis en place une cellule de relogement qui est un nom bien pompeux pour appeler deux employés d'un cabinet d'architecture qui "établissent la demande". Les familles ont d'ailleurs rempli plusieurs fois le même questionnaire à des "cellules" différentes, et c'est tout pour l'instant. Les seules propositions concrètes de relogement provisoire ont été des appartements dans les préfectures voisines (Carcassonne, Albi, etc). Comme le disait un habitant : "S'ils me donnent aussi un boulot sur place, il n'y a pas de problème !".
Et encore ne s'agit-il que de promesses, et cela ne règle pas non plus la difficile question du déménagement dans un immeuble où les cloisons intérieures sont tombées.
Rendre habitables les appartements occupés
Mais il y a aussi le problème des familles qui habitent leurs appartements sans vitres et souvent sans cadres de fenêtres. La procédure habituelle de réparation est caduque : chaque propriétaire doit faire faire un devis individuel, et si c'est un bailleur, c'est souvent le cadet de ses soucis, puis les devis doivent être validés globalement et de façon contradictoire par les experts des assurances, puis les artisans doivent accepter les devis corrigés, commander les fournitures avec des délais de trois semaines minimum, et enfin faire les travaux. Il faudra compter au moins trois ou quatre mois pour que tous les logements soient fermés. L'hiver sera passé ! Et il y a encore tous les travaux intérieurs.
Il faut un plan d'urgence
On voit que ce qui se met en place timidement ne correspond pas du tout aux besoins. Cette situation appelle des solutions d'urgence. D'abord la réquisition des logements vides, et ils ne manquent pas au centre ville ! Et ensuite la réquisition des entreprises de vitrerie et de menuiserie alu pour que la puissance publique, directement, fasse remplacer au plus vite les milliers de fenêtres et de portes enfoncées. Quitte à se faire rembourser au plus vite par TotalFinaElf !
Cela aurait d'autre part l'avantage d'empêcher les multiples escroqueries liées à l'exercice libéral de l'offre et de la demande : faux devis payants, dessous-de-table pour être servis les premiers. Et d'éviter enfin l'injustice fondamentale du système capitaliste qui fait que la priorité est donnée aux payeurs les plus solvables.
Et la ministre veut en profiterpour détruire des barres !
Un dernier élément est l'attitude du préfet, traduction locale de la politique du ministère du Logement. Le lundi 24 la ministre du Logement (Lienemann) est venue à la Cité du Parc, et a déclaré que l'immeuble évacué serait détruit, ce qui a créé un nouveau début de panique dans les autres bâtiments. Pour sa gouverne, tous les rapports d'experts sont concordants, et concluent que la structure du bâtiment B n'a pas bougé. La catastrophe semble tomber à point nommé pour les autorités ministérielles qui s'empressent d'envisager de raser des barres d'immeubles supplémentaires.
Mais c'est évidemment rajouter un traumatisme aux traumatismes que les familles ont déjà subis : le traumatisme de la catastrophe, celui de la constatation des blessures physiques et des dégâts matériels, celui de l'évacuation brutale par les CRS, celui du déracinement dans des centres de loisirs, et maintenant celui de l'angoisse des rumeurs d'effondrement et de destruction distillées par les plus hautes autorités de l'Etat.
Les autorités peuvent se vanter des cellules d'aide psychologique au centre ville, dans les cités on prend beaucoup moins de gants !