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- Lutte ouvrière n°1716
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Leur société
Logement social... inaccessible
Un rapport, publié par le GELD (Groupe d'étude et de lutte contre les discriminations) et rendu public le 15 mai, souligne que les "populations immigrées sont les laissées-pour-compte dans l'attribution de HLM". Les autorités chargées de l'attribution de logements sociaux refusent des logements aux plus démunis d'autant plus systématiquement qu'ils sont immigrés, en prétextant même qu'il faudrait respecter la "mixité sociale", c'est-à-dire éviter les ghettos immigrés !
Le rapport cite le cas d'un refus motivé ainsi : "Cinq familles étrangères ou d'origine étrangère étaient déjà relogées ici par la préfecture dans cet immeuble de 44 logements". Le Parisien du 16 mai citait cet autre exemple, dans le Nord, d'une femme mère de cinq enfants, salariée, à qui on a refusé un logement parce que le quartier demandé "ne pouvait être attribué aux gens de couleur". Un éboueur de la mairie de Paris, vivant avec neuf personnes dans 15 m2, en attente depuis quinze ans d'une attribution d'un logement plus grand, s'est vu refuser un appartement de 82 m2 qui lui avait été finalement accordé. Or, il apprit plus tard que sur sa demande figurait la mention "Sénégal".
Pour obtenir un logement social, il faut le plus souvent attendre de nombreuses années. Mais c'est souvent encore plus long et plus aléatoire lorsqu'il s'agit de ménages immigrés. De plus, ceux-ci n'ont accès qu'aux "segments les moins attractifs". Les élus comme les représentants des organismes de HLM disent souvent craindre l'arrivée d'immigrés qui dévaloriseraient l'image du quartier !
Le GELD propose l'anonymat total des dossiers de candidatures avec l'appui de la secrétaire d'Etat au logement, Marie-Noëlle Lienemann. Mais cette mesure - si elle était décidée et surtout appliquée - resterait dérisoire par rapport au problème. En effet, il ne s'agit pas seulement d'une discrimination "raciale". Ce dont ne veulent ni les HLM ni les élus locaux, ce sont des "pauvres". Et le nombre de familles ouvrières pour qui le logement devient un problème, parce que leurs revenus sont trop faibles, ne fait qu'augmenter.
La situation s'aggrave d'autant plus que, depuis quelques années, la construction de logements "sociaux" diminue régulièrement : 80 000 en 1994, 50 000 en 1996 et 48 000 en 1998, un peu plus de 42 000 en 2000 sur un total de 300 000 logements neufs. L'Etat se retire progressivement de la construction de ces logements, alors que les communes ne peuvent ou ne veulent pas construire pour des familles à faibles, voire très faibles revenus. Là aussi, comme dans beaucoup de domaines, ce n'est pas l'argent qui manque, mais la volonté politique de l'utiliser en priorité pour régler les problèmes urgents des travailleurs.