Le gouvernement veut "moderniser le social" ?! C'est dans les entreprises et dans la rue qu'on interdira les licenciements !01/06/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/06/une-1716.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Tribune de la minorité

Le gouvernement veut "moderniser le social" ?! C'est dans les entreprises et dans la rue qu'on interdira les licenciements !

Le gouvernement a finalement reculé au 13 juin la discussion, mais pas renoncé à la loi dite de "modernisation sociale". C'est-à-dire, traduit de la langue gauche plurielle, un ensemble de mesures laissant intact le droit divin des patrons dans la législation du travail, tout en cherchant à donner l'impression de se "préoccuper" du sort des travailleurs. Rien de très nouveau - d'ailleurs la première version avait été votée des deux mains, en janvier dernier, par toutes les composantes du gouvernement. Mais voilà : depuis janvier, il y a eu l'offensive massive du patronat sur les emplois, la vague des plans de licenciements des Danone, Marks & Spencer et tous les autres, près de 40 000 en France. La loi de "modernisation sociale" est donc devenue dans les faits la réponse du gouvernement à cette attaque en règle contre le monde du travail.

Le Parti socialiste, bien sûr, a réagi avec son sens habituel des responsabilités... à l'égard des patrons : le projet de loi proposé en seconde lecture est essentiellement le même que celui de janvier. L indemnité légale de licenciement a été doublée ? Mais elle reste tellement dérisoire (un cinquième de mois de salaire par année d'ancienneté) que des conventions collectives assurent mieux, depuis longtemps, et que Danone peut se vanter d'être prêt à lâcher 5 fois plus pour jeter ses travailleurs à la rue. Les comités d'entreprise seront consultés sur les plans sociaux et pas seulement informés ? On imagine déjà les patrons trembler ! La "jurisprudence Samaritaine" (le grand magasin avait été contraint par la justice à annuler un licenciement) intégrée à la loi ? Comme son nom l'indique, elle faisait déjà jurisprudence ! Finalement, l'esprit comme le fond de la loi sont bien résumés par cette dernière mesure : "les plans sociaux" seront rebaptisés "plans de sauvegarde de l'emploi"...

Inquiets des réactions des travailleurs devant ces provocations, les députés des autres composantes de la gauche plurielle, le Parti communiste surtout, ont donné de la voix. Le PC a déposé des amendements, il a discuté des points de détails de formulation de la loi, et multiplié les rendez-vous personnels avec Guigou. Elle n'en a pas été très émue : après que tous les amendements aient été rejetés, la ministre de l'emploi a conclu : "On s'est tout dit. Maintenant, il va falloir quand même voter". Robert Hue s'en est indigné : "J'ai vraiment le sentiment que du côté du gouvernement, il y a une surdité qui, de façon gravissime, devient chronique". Le PCF veut-il obliger le gouvernement à "entendre" ? Chiche ! Mais tout le monde sait que le volume sonore des bavardages parlementaires n'y suffira pas.

Pour mettre un coup d'arrêt à la dictature des patrons, qui n'hésitent pas à ruiner des vies et des régions entières pour donner un peu plus de vigueur encore à leurs courbes de profits, il faut interdire les licenciements. Or Guigou l'a dit et répété, pour le gouvernement il n'en est pas question (et même pas de revenir à la misérable autorisation administrative de licencier). Alors, tous les amendements imaginables à la "loi de modernisation sociale" ne serviront à rien. La seule perspective sérieuse, c'est d'inverser le rapport de forces dans les entreprises et dans la rue ; la seule pression à laquelle ce gouvernement, comme les autres, pourra être sensible, c'est celle des travailleurs.

Depuis les annonces des premiers plans de licenciements, il y a bientôt deux mois, il y a eu plusieurs ripostes de la part des organisations ouvrières : à Calais sur l'initiative du Parti Communiste, à Londres autour des Marks & Spencer le 17 mai, la manifestation des Moulinex à Alençon le 19, celles de la CGT le 22. Des syndicats de LU-Danone, Marks & Spencer, AOM-Air Liberté ont proposé une grande manifestation unitaire à Paris le 9 juin. Un certain nombre de syndicats, dont certaines fédérations ou unions locales, départementales ou régionales, de la CGT, de la CFDT, de FO se sont associés à cet appel, mais aussi la FSU, SUD, le Groupe des dix, (la confédération CGT n'ayant jusqu'ici décidé que d'envoyer une délégation). Plusieurs partis politiques appellent également, PCF, LO, LCR, les Verts... Des associations, AC !, Attac.

Il reste une semaine pour convaincre le maximum de travailleurs, de militants et organiser la montée à Paris. Il faut faire de cette journée le point de convergence des luttes, un nouveau départ de la mobilisation.

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